RENAN APRESKI : Pour revenir sur les derniers rebondissements dans l’affaire Dupont de Ligonnès, je reçois Monsieur X.
MONSIEUR X : Bonsoir monsieur Apreski.
R.A. : Alors monsieur X, vous avez tenu à garder l’anonymat…
X : Oui, car je ne veux pas menacer davantage ma carrière qui est déjà assez compromise comme ça.
R.A. : Je comprends. Nous écoutons votre témoignage, monsieur.
X : Alors voilà : il y a quelques jours, j’étais encore stagiaire à la rédaction d’un grand quotidien national dont je tairai le nom.
R.A. : Pour des raisons bien compréhensibles, oui… Et donc ?
X : Et donc, le vendredi 11 octobre, je réceptionnai une dépêche de l’AFP annonçant qu’on avait arrêté en Ecosse un homme soupçonné d’être Xavier Dupont de Ligonnès : je me suis aussitôt empressé de la communiquer au rédacteur en chef…
R.A. : C’est tout naturel. Et après ?
X : Et après, à peine lui avais-je dit ça qu’il avait déjà sonné le branle-bas dans toute la rédaction et donné l’ordre qu’on consacre la une du journal à l’arrestation de Xavier Dupont de Ligonnès ! Pourtant, je lui avais bien dit qu’on n’était pas encore sûr que c’était bien lui…
R.A. : Mais vous n’avez pas essayé de le raisonner ?
X : Bien sûr que si, mais il ne m’a même pas laissé terminer ma phrase : je venais à peine de bredouiller « Veuillez m’excuser, monsieur » qu’il m’a répondu…
R.A. : « Laisse faire le professionnel », j’imagine !
X : Non, ça, j’aurais préféré ! Il m’a crié « T’es encore là, toi ? Et ce café, ça vient ? »
R.A. : D’accord… Donc, le journal a quand même annoncé que Dupont de Ligonnès était arrêté, et quand on a appris l’erreur de la police, qu’est-ce qui s’est passé ?
X : Et bien le rédacteur en chef a dit que c’était de ma faute et que je lui avais communiqué une information fausse : du coup, il m’a viré et m’a mis une mauvaise note sur mon rapport de stage !
R.A. : En clair, vous avez servi de bouc émissaire ?
X : C’est tout à fait ça ! Vous pouvez même dire de fusible ! Et je vais avoir du mal à retrouver du boulot dans la presse, après ça…
R.A. : Alors là, détrompez-vous, monsieur !
X : Me détromper ? Et pourquoi ?
R.A. : Parce que je vous cède ma place !
X : Pardon ?
R.A. : Oui, parfaitement, je vous cède ma place ! Puisque vous voulez tant devenir journaliste, je vous laisse le faire à ma place ! Moi, j’en ai assez, cette bévue de mes collègues aura été la goutte d’eau, ce métier me dégoûte vraiment trop ! Voilà dix ans que Blequin se sert de moi comme porte-parole sur ce site, mais maintenant, qu’il se débrouille ! Il est assez grand pour parler en son nom propre, il n’a plus besoin de moi ! Amis Graoulliens, au revoir !
X : Mais ? Monsieur Apreski ? Ah ben mince, il est parti !
Et voilà, ainsi va la vie : les années 2010 prennent fin, c’est un bon prétexte pour se remettre en question et se réinventer. Vous ne lirez plus sur ce site d’interviews (presque) imaginaires menées par Renan Apreski. Peut-être ce personnage reprendra-t-il vie un jour, dans un autre contexte sous la plume de Blequin…