Je suis devant la Faculté des lettres de Nancy et un groupe de jeunes hommes qui sortent du bâtiment avec une mine réjouie se dirigent vers moi. J’essaye désespérément de reconnaître l’un d’entre eux. Lequel dois-je rencontrer? A vrai dire, je ne sais pas, j’ai beau passer en revue mentalement mes ancêtres masculins ayant entre 18 et 20 ans à Nancy en 1913, je ne vois pas, aucune correspondance me semble-t-il. Alors pourquoi suis là?
Le groupe de jeunes gens vient de s’éparpiller et l’un d’entre eux, passe près de moi. Il est grand comme moi sans doute 1m71 , il est châtain, a un visage long, les yeux bleus, un nez busqué, des lèvres épaisses, un menton saillant et une cicatrice sur l’arcade sourcilière et sur la narine gauche. Il fait tomber près de moi un carnet et c’est là que je réalise qui il est. Il n’est pas de ma famille…
(Euhh Christine, le principe du #RDVancestral c’est de rencontrer ses ancêtres… Je sais mais quand je vous dis que ma machine à remonter le temps débloque un peu… Alors? Qui est-ce, allez vous me demander.. J’y arrive..)
Il s’appelle Gabriel Aimé Ernest CLEMENT, il est le lycéen que j’ai découvert au travers de deux livrets scolaires achetés dans une brocante à Nancy. Mais maintenant comment l’aborder? Comme une journaliste? En 1913, ce n’est pas encore vraiment la place d’une femme… Allez, je me lance:
« Bonjour jeune homme! » il est surpris » j’interroge quelques bacheliers pour un journaliste, à votre mine réjouie, j’imagine que vous avez obtenu votre baccalauréat? »
Tout à sa joie ma question ne l’étonne pas. « Oui, je viens d’obtenir mon baccalauréat de l’enseignement secondaire avec mention assez bien, l’année dernière j’ai passé la première partie, Latin-grec et cette année, c’était la philosophie. »
« Et que pensez-vous faire après? »
« J’aimerai être professeur de littérature, mon père m’a transmis sa passion de l’enseignement, il est instituteur. L’année prochaine je passerai une licence de littérature »
« Ou habitez-vous? »
« Mes parents sont à Diarville mais moi je suis pensionnaire au Lycée National de Nancy »
Je réfléchis pour identifier ce lycée situé dans ma ville natale, j’imagine qu’il s’agit du Lycée Poincaré actuel.
« Vous avez des frères et soeurs?
« Non, euh si, j’ai eu un frère ainé mais il est mort à sa naissance. » Je n’ose poser plus de questions sur sa famille.
« Et comment se sont passées vos années au lycée? »
« J’ai toujours été bon élève et j’ai eu presque tous les ans le prix de tableau d’honneur et des prix d’excellence dans presque toutes les matières »
Effectivement, ses deux livrets scolaires, ne contiennent que des bonnes notes et des appréciations élogieuses.
« Je dois vous laisser madame, mes parents m’attendent pour connaître mes résultats, au revoir, dans quel journal paraîtra cet article? » Je bredouille une réponse approximative… et le laisse partir en courant.
A partir de ces deux livrets scolaire, j’ai pu établir l’arbre généalogique de Gabriel mais j’ai voulu savoir également s’il avait survécu à la grande guerre; peu d’information sur sa fiche de matricule, juste qu’il a été lieutenant dans l’artillerie. Mais c’est dans l’Est républicain que j’ai pu en apprendre plus sur lui. Il publie dans le journal son faire part de mariage en 1921 avec Yvonne Florentin et lors du faire part de décès de sa maman en 1933, publié également dans l’Est Républicain, j’ai appris que Gabriel était professeur au Collège de Verdun, croix de guerre, chevalier de la Légion d’honneur et qu’il avait des enfants.
Si la famille de Gabriel lit cette page je peux leur rendre les livrets scolaires de leur ancêtre!
Cet article a été rédigé dans le cadre du #RDVAncestral, un projet d’écriture, ouvert à tous, qui mêle littérature et généalogie. En savoir plus.
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