En stand bye total depuis quelques jours, j’ai repris mes vieilles habitudes.
J’apprivoise les monstres que je croise, à l’approche d’Halloween c’est l’activité idéale. Ils apparaissent, je les dessine et on boit un café en papotant de l’avenir qui ne viendra plus. A force de rencontres, la caféine remplace le sang qui coule dans mes veines, je palpite et le moindre courant d’air me fait me sentir totalement électrique.
Souvent je leur parle de toi, de ton absence et du son de ta voix, ils ne me répondent pas… Je ne sais pas s’ils s’en fichent ou s’ils se contente de se nourrir de mon désarroi…
Alors, pour passer le temps et chasser l’ennui, parfois, ils se font des parties de cache-cache assez magiques… D’ombre en ombre, ils naviguent, ils surgissent, ils s’écrient…
Toujours dopée à mon breuvage magique, je les observe, je les laisse me découvrir, mon goût pour les histoires qui font faussement peur, pour les films d’invasions extraterrestres datant de quand je n’étais pas encore sur terre, pour les livres d’auteurs que plus personne ne lit… Je crois que j’ai transformé mon chez moi en une sorte de SPA sans le A… un refuge pour les âmes biscornues, pour les gens qui ont peur et ceux qui ont cessé. Pour les trucs errants, ceux que personne ne veut voir, mais pourtant ceux qui habitent si bien au plus profond de nous…
J’ai créé un monde avec assez d’ombres pour tout le monde, on cohabite sans jugement, une colocation saugrenue sans loyer, juste le plaisir de se côtoyer. Un fantôme qui passe le balai pendant qu’un autre se fait tirer le portrait. Bien souvent, ils se moquent de mes rimes en « é » et de ma difficulté à prononcer les « è » et les « ai ». Je les laisse se marrer car je sais qu’entre deux errances, entre 13h45 et 16h08 chaque après-midi, ils se pointeront, car comme des horloges ils sont réglés, on se boira un café, un thé ou peut-être un « pisse mémé » …
A nouveau, nous referons le passé, nous jubileront sur le futur… et si le vague à l’âme se met à me bercer, alors je leur raconterais mes habituels doutes, toujours mes mêmes craintes, celles-ci bien trop ancrées dans ma réalité, je leur viderais mon sac à la figure jusqu’à ce qu’on entende sonner le glas. Alors, tous perchés au sein du même nichoir nous suivrons à nouveau nos pas en guettant le bruit de la prochaine bouilloire…