31.10.19

Je me suis réveillée en sursaut,
Incapable de remettre mes idées en place, mon cœur tambourine dans ma poitrine, mes tympans sifflent et ma bouche est totalement sèche. Je ne suis pas sûre d’être là où je devrais…
Mon cerveau se calme… Je suis dans ma chambre… je ne sais pas quelle heure il est, et dans ces cas-là, je me refuse de sortir un bras de ma couette pour allumer mon portable… Ma seule certitude, c’est que dehors il fait encore nuit…

Mes pensées vont très vite, je crois que ce qui m’a réveillé c’est un bruit, un bruit bien réel, un bruit dans mon appartement… Seule solution pour tenter un retour total à l’apaisement, remonter le temps…

Hier soir, j’éteins l’ordinateur, j’éteins mon enceinte, je prends mon téléphone, je sors du salon, je passe dans le couloir, je regarde ma porte d’entrée, elle n’est pas verrouillée, j’avance jusqu’à elle, j’enclenche le verrou, je tourne la clef, deux fois, je ferme le volet du velux, je prends la direction de ma chambre et je me couche… J’ai oublié mon livre dans le salon… J’y retourne, je le prends, traverse à nouveau le couloir et là … je tique…

Mon moi de la nuit tique… La porte n’est pas verrouillée…
Je m’enfonce sous la couette, je veux fuir dans les bras de Morphée et la seule chose qui me vient en tête est : « dans le pire des cas, je meurs et tout s’arrête » …
Je sens un courant d’air et je crois entendre le tic-tac d’une pendule que je n’ai pas… Mon cœur bat tellement fort qu’il semble vouloir quitter mon corps et mon cerveau ne fait plus la distinction entre réel et irréel… Je veux que tout s’arrête mais je ne veux pas mourir …

Un craquement, dans ma chambre, au pied de mon lit, l’impression qu’une ombre m’avale… J’ai froid, j’ai peur et je transpire…Les ténèbres s’abattent sur moi, mon esprit s’enlise, je tombe en plein cauchemar…
Perdue dans un labyrinthe psychédélique, je ne parviens plus à marcher, mes pieds sont collés au sol et je sens une présence derrière moi, d’un coup, mon corps s’allonge, mes jambes s’étirent, elles dépassent les deux mètres, mon corps est un chewing-gum que l’on aurait mâché trop longtemps… Je tente une échappée belle par la droite mais avec mes cinq mètres de hauteur je ne peux espérer aucune discrétion….
Impossible de trouver la sortie, mes nœud-ronnes s’en mêlent, je ne vois pas le vide devant moi… je chute…
Je me retrouve dans la pénombre, sous une tente, devant moi une femme, une vieille femme, je ne pourrais pas lui donner d’âge, elle me fixe, elle sourit, elle me fixe à l’intérieur de moi… Elle tient dans ses mains des cartes… Elle les pose devant moi…
Le pendu, la mort, le diable…

Le décor tangue, un tourbillon l’aspire, j’ai l’impression d’être emportée dans le siphon d’un lavabo, je coule….
Je me balance au bout d’une corde, mes pieds touchent la poutre de justesse, je regarde autour de moi les gens rient, ils portent des masques, les loups, des têtes d’animaux, des démons, des médecins de la peste… Ils me montrent du doigt, une musique retenti… « L’enfant et le sortilège » de Ravel, je deviens névrotique, je me perds en moi-même, je perds la tête, j’ai les méninges en accordéon et une araignée au plafond… La poutre sous mes pieds s’enlève, la pression se resserre autour de mon cou… Au point le plus névralgique de ma vie….
…
J’ouvre les yeux…
Je suis dans mon lit…
Le jour se lève sur ma chambre…
Mon réveille sonne…
Je me lève en deux secondes, file dans mon couloir, fixe la porte d’entrée…
Elle est ouverte ….