Le Temps est un enfant, là-bas,
devant son tas de sable ,
que la mer en son doux fracas
pas un instant n’accable.
Le Temps ne joue pas à passer
ni jamais ne se lasse
de voir le sable s’écouler
sans laisser nulle trace.
Le Temps vous attend quelque part
sans que vous sachiez l’heure,
vous souriant avec son art
d’éluder la douleur.
D’ailleurs Le Temps n’aime point trop
qu’on fasse tout un drame
du moment où, tout à vau-l’eau,
le vieil enfant rend l’âme
Le Temps est un arbre là-bas
sous lequel l’enfant joue
sans ressentir rien du tracas
qui dans l’ombre se noue.
Dans le temps, l’enfant aimait bien
le vieux grabataire
qui lui filait un peu d’argent
dont il n’avait que faire.
Le Temps est un château de cartes
dont l’enfant tout distrait
ne saura jamais, où qu’il parte,
que son sort est joué.
Et si le Temps n’existait pas ?
persifle le vieux sage
à barbiche d’enfant chinois
remuant son potage...