A son retour d'Allemagne, Anne-Laure de Sallembier, éprouva la nécessité de rencontrer un personnage qu'elle connaissait déjà un peu... Edouard Schuré ( 1841-1929) avait fréquenté, avant qu'il ne cesse, le salon de madame Stern ; il était donc familier de Marcel Proust, José Maria de Heredia, Henri de Régnier, Paul Fort, Reynaldo Hahn, Paul Bourget, Gabriel Fauré, Camille Flammarion, Anna de Noailles, Yvette Guilbert, Réjane...
Edouard Schuré- « Il est blond, grand et beau. Ses traits sont menus et mobiles. Son front est large et blanc ; le galbe de son visage est délicat et charmant. Ses yeux brillent d'une lumière chaude. Le corps est souple et fort comme celui d'une panthère dont il a parfois le mouvement onduleux. Tour à tour indolent et fougueux, doux et violent, il a la colère léonine, et le regard serein d'un ange d'amour dans ses moments d'inspiration. Toujours à l'affût des impressions, dévoré par sa passion de vivre, assoiffé d'émotions, il se laisse parfois entraîner par le délire des sens. C'est alors l'incarnation du jeune Bacchus, c'est Dionysos qui brûle en lui de toutes ses flammes et de tous ses délires. Ces états sont suivis, en lui de longs et cruels désespoirs ». selon Marguerite Albana...
Édouard Schuré est philosophe, et grand admirateur de Richard Wagner...
Sa notoriété est partagée autant par sa culture que par son aventure érotico-mystique avec une femme mystérieuse, Marguerite Albana Mignaty (1821-1887), du moins autant que peut l'être une très belle femme, qui vit entre l'Italie, la Grèce et l'Italie et la société cosmopolite de Florence...
Selon les propres termes d'E. Schuré : elle apparaît en cette fin de siècle, comme la Femme-Muse, l'éveilleuse et amante des âmes... « Bachante révoltée » pour le morose Proudhon ; « Amante passionnée et douloureuse » selon Mme Desbordes de Valmore, mais aussi femme de lettre et philosophe comme Mme de Staël.
L'occultisme, complète ses goûts vers l'art, l'histoire, la science... Elle cherche le Beau à travers l 'Amour... Cette beauté immatérielle qu'elle adore est la splendeur du Vrai … Enfin, voici un extrait du livre qu' E. Schuré fit publier, avec un récit de sa rencontre avec Marguerite (1900).
Extrait de Essai sur la vie et l'oeuvre de
Marguerite Albana par E Schuré
C'est sous son inspiration que Schuré écrit son livre le plus connu Les Grands Initiés, Esquisse de l'histoire secrète des religions (1889), consacré notamment à Rama, Krishna, Hermès, Moïse, Orphée, Pythagore, Platon et Jésus, qui n'a plus cessé depuis d'être réédité dans de nombreuses langues.
Tristan_und_IsoldeEn 1865, le jeune étudiant alsacien entendit Tristan et Isolde à Munich, Schuré se prit de passion pour Wagner .Après plusieurs lettres, le Maître l'invita à venir le voir à Tribschen. Ils prolongèrent cette amitié naissante par une correspondance qui s'établit entre eux. En 1869, Schuré publiait dans La Revue des deux mondes sa première étude sur Wagner qui est considérée comme l'événement fondateur du Wagnérisme en France.
« Comme artiste, Wagner ressemblait à un puissant magicien capable d’évoquer toutes les passions par les incantations de sa musique et le ressort du drame. Comme penseur, il avait quelque chose du démon qui cherche à concevoir l’ange par la force de l’intellect et qui, malgré ses étonnantes facultés, souffre sous le poids de sa nature et aspire à la délivrance. Ce désir est le fil qui relie toutes ses oeuvres. »
Le_Gaulois___Edouard Schuré 24 janv 1908Quand Anne-Laure rencontre Edouard Schuré, Marguerite est décédée depuis une vingtaine d'années. Elle le félicite pour la légion d'honneur qu'il vient de recevoir... Elle vient l'entendre lui parler de Wagner... Ce qu'il fait avec passion ; et aussi de la mythologie celte, de l'occultisme et de la théosophie...
En 1906, sa traductrice en allemand ( Marie von Sivers) lui fait rencontrer Rudolf Steiner, venu faire une conférence à Paris... Schuré est emballé, il devient membre de la société théosophique en 1907 et fréquente désormais Steiner devenu son maître spirituel.