Lundi 9 décembre
10h30 : Qu’y a-t-il de plus désagréable que crapahuter dans un quartier qu’on ne connait ni d’Êve ni d’Adam, qui parait aussi vivant que Pyongyang à l’heure du couvre-feu, où les rues ont été tracées en dépit du bon sens histoire de transformer la simple recherche d’une adresse aussi ardue que la quête du Graal, le tout par un vent qui ne décorne plus les bœufs mais les décapite carrément ? Oh, sûrement beaucoup de choses ! Mais quand je suis en plein dedans, je ne vois pas lesquelles… Tout ça pour déposer un document dans une boîte aux lettres : n’y a-t-il donc que moi pour me fourrer dans des galères de cette espèce ?
Mercredi 11 décembre
17h : Je sors de ma tanière pour aller au cours du soir. Fidèle abonné, je réceptionne le Fluide Glacial série or spécial Cadeau ; il y a pas mal de resucées (Coyote, Gaudelette, Goossens, Margerin, Edika, De Pins) mais aussi des inédits de qualité, je pense notamment au Fluidosaure Thiriet, fidèle lui-même, mais aussi à Monsieur Le Chien : ses deux pages sont un chef-d’œuvre ; ça existe, des chefs-d’œuvres de deux pages ! Personnellement, pour parler comme Desproges, je n’échangerais pas deux tonnelets de Rubrique-à-brac contre un baril de Joann Sfar ni la BD poids plume de Monsieur Le Chien contre deux quintaux de manga !
18h : Au cours du soir, on a droit à un modèle vivant. Celui-ci prend une pose qui me rappelle irrésistiblement l’olive (le doigt dans le cul, si vous préférez) que Bruno Carette faisait parfois à ses copains pour leur faire une blague. Je ne résiste donc pas à l’envie d’écrire « Hommage à Bruno Carette » à côté de mon dessin. Les autres élèves, qui ne sont pourtant pas tous des perdreaux de l’année (certains sont nés avant la guerre d’Algérie), le remarquent mais m’avouent ne pas savoir qui était Bruno Carette… Je suis en proie à des sentiments contradictoires : d’un côté, je me dis que Bruno est vraiment parti trop tôt, mais de l’autre, je me demande si les Français le méritaient vraiment !