Dans tout conflit social, du moins en démocratie, il est d’usage, tôt ou tard, de se mettre à la table de négociations. Cela veut dire que des gens qui ne pensent pas la même chose (en gros : gouvernement d’un côté, syndicats de l’autre) prennent le temps d’échanger afin de trouver un accord qui soit le meilleur (ou le moins mauvais) possible. On aurait donc pu raisonnablement penser que le gouvernement, passablement obtu mais néanmoins dans une mauvaise passe, allait profiter de la démission de Monsieur Delevoye pour le remplacer par quelqu’un de plus souple, de plus ouvert à la discussion.
Que nenni. À la place, on nous envoie un champion du monde du management brutal, un personnage qui, du temps où il œuvrait dans la grande distribution, s’en prenait sans vergogne aux délégués syndicaux et trouvait tous les prétextes possibles pour mettre à pied quiconque avait une tête qui ne lui revenait pas.
Et donc c’est ce charmant personnage qui est aujourd’hui aux commandes de la réforme des retraites. Et il faudrait que l’on applaudisse, que l’on s’esbaudisse ? Faut-il rappeler que le mouvement social en cours est plutôt populaire, que ce peuple-là, en grève ou pas, est en âge de voter, et, accessoirement, qu’il y a des élections au printemps ? Que faut-il faire, donc, pour ramener ce gouvernement au principe de réalité ?