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Le "Cornichon" de Londres
Publié le 17 juillet 2008 par Isabelle Debruys
J'étais à Londres il y a peu, en charmante compagnie, c'est-à-dire en compagnie variée et pétillante, et la conversation qui sautait d'un sujet à un autre a brusquement fait une pause littéraire. De nouveau, la question, la même que précédemment je vous assure, la même question a surgi... et on s'est tourné vers moi. J'ai regardé dehors. On était dans un pub à Greenwich, contre une fenêtre, on surplombait la Tamise. J'ai jeté un oeil au "cornichon" ("the gherkin") que je m'entêtais à appeler "le cigare", son nez rutilant pointait vers un ciel clair, entre les grues. Je cherchais à dire quelque chose qui fût définitif, peut-être lassée par ce débat que je trouvais soudain stérile, parce que franchement, Londres était là, sous nos yeux, et je ne voulais réfléchir à rien. J'étais tout imprégnée des voix aux intonations qui me vont droit au coeur, des murmures, des odeurs de nourriture et d'alcool, j'avais du soleil gris plein les yeux, Richard, mon ami de 14 ans, était assis en face de moi, je n'avais pas la tête à donner des définitions mais je l'ai fait quand même: "An author has a voice, a writer gets published. You're not necessarily both". Et je ne sais pas ce qui vaut mieux.