Pierre Le Quéau & Emmanuel Merle | [Sous une demi-lune déconcertante…] | Pierres noires

Publié le 22 décembre 2019 par Angèle Paoli

S

Peinture de Danielle Berthet
in Pierre Le Quéau & Emmanuel Merle, Lapidaire,
éditions Sang d'Encre, 2016, page 23.

[SOUS UNE DEMI-LUNE DÉCONCERTANTE...]
ous une demi-lune déconcertante
et l'ombre d'un noyer
la vallée dans la lactance épaisse d'une brume
Mon pied inquiet dans l'herbe adhère un moment
à quelque présence visqueuse sous-marine
jusqu'à la pierre de la voie, polie et chaude encore
accueillante

comme une île dans l'océan

PIERRES NOIRES D es pierres si noires qu'elles sont des trous dans Pierre Le Quéau & Emmanuel Merle,
l'espace. Des charbons anthracite, miraculeux
comme des caillots, des sanglots de la terre.
Se pencher sur elles, c'est voir scintiller la surface
d'une eau brisée, sentir la puissance barbare d'une
vague mortelle.
Lapidaire, éditions Sang d'Encre, Collection Opuscules, 84340 Beaumont-du-Ventoux, 2016, pp. 40-41. Peintures de Danielle Berthet.

Mais vouloir toucher pleinement cette eau épaisse
et luisante et poser ses mains dessus jusqu'à
l'illusion tactile qu'on pourrait la pétrir assez pour
qu'elle ait la forme de notre inconscient.
Je lève les mains vers mon visage, des mains gantées
du blanc le plus pur.