Après le savoureux Habemus Papam de Nanni Moretti, (2011), où Michel Piccoli découvrait les affres quotidiennes de la condition papale, et la mini-série originale de Paolo Sorrentino intitulée The Young pope (2016) et portée par Jude Law, l’on pouvait se demander ce qui résulterait d’une nouvelle production de Netflix jouant sur la rencontre (fictive) et la confrontation des deux derniers papes bien réels que figurent le conservateur Benoît XVI et le progressiste Francisco, interprétés par ces deux grands acteurs que sont Anthony Hopkins et Jonathan Pryce.
Or le charme et l’intérêt du film de Fernand Meirelles opèrent immédiatement dans ce qui s’impose, en dépit de la fiction, comme un beau moment d’humanité et d’émotion, où la présence exceptionnelle des deux interprètes, cadrés le plus souvent en gros plans hyper-expressifs, le dialogue très finement ciselé, l’image aussi somptueuse que les décors (de Castel Gandolfo à la Sixtine), les positions contrastées des deux personnages (avec l’accent porté sur le drame personnel vécu par José Bergoglio à l’époque de la dictature) et les échanges relatifs à leurs vocations respectives traités avec sérieux, mais aussi les touches plus légères voire humoristiques émaillant cette relation développée jusqu’à un début d’amitié - les jolis morceaux de Benoît XVI au piano ou des deux pontifes esquissant un tango ...-, nous captivent quasiment de part en part, même si les faits réels ne sont souvent qu’effleurés ou plus ou moins édulcorés au bénéfice d’un double portrait peut-être idéalisé mais non moins attachant…