Nicolas de Staël, Plage de Syracuse, 1954
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MÉDITERRANÉE L' antique mer Frédéric Jacques Temple,
toujours qui sera jeune,
celle des Argonautes
et des enfances,
de turquoise orne ses vagues
qu'ont vues les matelots d'Ulysse
et Pythéas le grand nocher
de nos parages, Phares, balises et feux brefs, éditions Bruno Doucey, 2012 (prix Guillaume-Apollinaire 2013) ; in La Chasse infinie et autres poèmes, éditions Gallimard, Collection Poésie/Gallimard n° 548, 2020, pp. 189-190. Édition de Claude Leroy.
dans leurs barques ventrues
aux couleurs du soleil.
Mer androgyne
aux écailles d'émail,
et ses yeux innombrables
ouverts comme des héliotropes.
Je n'ai pas oublié,
je n'oublierai jamais
l'opulence de l'iode en septembre,
l'écume
où nous rêvions de voir surgir
des crêtes savonneuses
les dauphins en sarabande.
Les voici ! Les voici !
Et nous dansions
avec ces joyeux compagnons
au doux regard, aux gracieuses voltiges,
ces petits dieux si bien civilisés
émergeant des abysses du temps,
qui nous faisaient l'honneur
de leur plaisir
dont la musique illuminait nos songes...
Les dieux sont en exil,
nos appels sans réponse ;
ils n'accourent plus sur les plages
où de l'ombre monte la lune
au comble de l'équinoxe.
Ils ne sont plus avec nous
qu'au fond secret de la mémoire.