Élisabeth Chabuel | [on ne pense pas au présent]

Publié le 21 janvier 2020 par Angèle Paoli

[ON NE PENSE PAS AU PRÉSENT] n ne pense pas au présent Élisabeth Chabuel,
o
au train qui lie la ville
et nous lie
nous
à l'inconnu en chair et en os qui nous côtoie
et nous
à nous-mêmes Les Passagers, Voix d'encre, 2019, s.f. Aquarelles d'Emmanuel Mergault.

on vit ailleurs dans nos paroles
on a nos liens
on se retrouve par-delà les murs
ou par-delà les ruines
on se parle la langue
momentanément
la distance n'existe plus
l'éloignement
l'exil
la prison
on tente d'appréhender le passé
pour étayer le présent
envisager peut-être
un futur
les barres défilent tristement
des lignes sombres cinglent l'espace urbain derrière la vitre
lignes de fuite
on glisse sur nos phrases
pieds-nus dans un lavis ruisselant
les montagnes s'effacent
les hauteurs perdent leurs têtes
des litres de brume pèsent sur les barres
seule notre voix
transperce ce qui nous ceint