Le journal du professeur Blequin (42)

Publié le 14 janvier 2020 par Legraoully @LeGraoullyOff

Dimanche 12 janvier

17h : Ça peut toujours arriver : je renverse un pot de peinture à l’eau. Fort heureusement, au sol de mon appartement, il n’y a que du linoléum et je n’ai qu’à donner un coup d’éponge pour que ce soit propre. Quand je travaillais dans ma chambre chez mes parents, le moindre incident de ce type était une catastrophe, le sol étant recouvert de moquette… Il faudrait donner le prix Nobel de la connerie à l’inventeur de la moquette : de toute évidence, ce type ne devait pas avoir d’artistes dans ses relations.

Lundi 13 janvier

10h : Je sors de chez le médecin où j’étais allé m’enquérir de ce que je pouvais faire pour soigner ma toux grasse ; pour raccourcir le chemin du retour, je coupe par mon ancien lycée situe à deux pas et j’éprouve le pincement au cœur que je n’avais pas ressenti à Guilers. Rien d’étonnant à ça : c’est justement quand j’ai commencé à aller au lycée à Brest que j’ai cessé d’être victime de harcèlement systématique. Pour autant, je ne suis pas nostalgique : ce serait même contradictoire puis que ce souvenir me rappelle qu’un changement peut être positif.

11h : Une fois rentré chez moi, je découvre dans ma boîte aux lettres ce que je n’osais plus espérer : du courrier. Oui, je n’en avais plus reçu depuis deux semaines, j’en arrivais à me demander si le facteur ne boycottait pas mon immeuble à cause de la moto qu’un locataire indélicat a garée dans le hall, ce qui est tout de même assez dangereux. Justement, l’une des deux lettres émane de mon bailleur et traite directement de ce problème : le propriétaire de la moto est donc sommé de la garer à l’extérieur sous peine d’appel à la police. La lettre traite aussi des cartons qui encombrent le local réservés aux vélos (je jure sur la tête de ma mère que ce n’est pas de ma faute) et aux poussettes et demande « aux personnes concernées de remettre en était les locaux communs (…), faute de quoi nous ferons intervenir une entreprise pour réaliser cette mission, la facteur sera répercutée sur l’ensemble des locataires« .  En clair, si le coupable ne se dénonce pas, on punit toute la classe ! J’exagère à peine : ce genre d’annonce me rappelle l’époque maudite du collège, où le prof était régulièrement obligé de menacer de punition la classe entière, faute de pouvoir identifier clairement qui lui jetait des bouts de gomme dès qu’il avait le dos tourné… Je ne pensais pas qu’à 30 ans passés, on me demanderait encore de payer pour la merde des autres ! Il me reste donc à espérer que cette lettre suffise à faire réagir le(s) locataire(s) concerné(s) à temps : après tout, j’imagine qu’il(s) ne doi(ven)t pas avoir intérêt non plus à recevoir une telle facture. N’empêche que si ce n’est pas fait, tout le monde va soupçonner son voisin d’être l’indélicat qui fait payer son incivilité aux autres… Non seulement on m’infantilise mais je vais vivre dans une ambiance de merde ! Dire qu’il suffirait d’un minimum de civisme pour éviter ça !

20h30 : Je rentre de la cérémonie des vœux du maire de Brest, qui se tenait à la mairie de quartier de l’Europe. Il y avait foule et j’ai quand même trouvé le moyen d’y croiser Bernadette Malgorn ! Elle m’a tendu la main, mais j’ai refusé de la serrer, prétextant une maladie : c’est ce que je pouvais faire de plus aimable, si je m’étais écouté, j’aurais craché dans sa paluche… Quoi qu’il en soit, je jette un œil dans le local à vélos et je constate qu’il a été vidé de ses cartons indésirables, ouf ! En revanche, la moto est toujours dans le hall… Fais comme tu veux, tête de pioche, ce n’est pas moi qui irai pleurer quand les flics emporteront ton tas de ferraille !