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Anne-Laure de Sallembier et la vie mondaine.

Publié le 26 janvier 2020 par Perceval
Anne-Laure de Sallembier et la vie mondaine.

Anne-Laure de Sallembier vivait dans un hôtel particulier avenue Victor-Hugo... Vendu à la fin de la grande guerre, il fut détruit pour construire un immeuble...

Anne-Laure de Sallembier et la vie mondaine. Proust-Nina Companeez

Anne-Laure, intégrée au grand monde, a prêté sa plume pour quelques chroniques dans les colonnes du Figaro... Gaston Calmette est directeur du journal, depuis 1902 ; il modernise et fait remonter les tirages en visant surtout les milieux aristocratiques... Beaucoup de ''petites mains '' relaient les festivités les plus prestigieuses ; et il faut y participer soi-même, pour nommer ensuite les personnes les plus en vue …

Des grandes familles, de noblesse ancienne, voire chevaleresque, sont particulièrement suivies : les ''Clermont-Tonnerre'', ''Salignac-Fénelon'' ''Castelbajac''...

Anne-Laure de Sallembier et la vie mondaine.
Proust-volker-schlondorff

Dans les carnets d'Anne-Laure, nous trouvons 142 comtes(ses), 46 marquis(es) et 32 princes(ses), sans oublier les ducs comme les Broglie, les Brissac et les Gramont.

Bien sûr, de nombreux bourgeois : des grandes personnalités des mondes politique, diplomatique, économique, artistique et littéraire, sont présents sur la liste des mondains...

Le Figaro, tient à présenter une société élégante, qui se croise dans un monde de raffinement et de goût. Les formules consacrées sont celles de « Tout-Paris élégant », de « Société élégante », d’« assistance nombreuse et élégante ».

Anne-Laure de Sallembier et la vie mondaine.

Les femmes incarnent le raffinement des modes vestimentaires : pour cette raison elles doivent « briller » en société. Les chroniques mondaines n’insistent jamais assez sur « l’élégance des toilettes » féminines : des descriptions très précises sont faites sur les tenues portées par les grandes dames du Monde lors des courses hippiques ou des bals costumés.

Anne-Laure de Sallembier elle-même semble s'habiller exclusivement chez Jeanne Paquin ; la maison est installée : 3 rue de la Paix à Paris , à côté de la célèbre maison de Worth.

Anne-Laure de Sallembier et la vie mondaine.
Le personnel de la Maison Paquin - vers 1900.

Madame Paquin, n'hésite pas à s'exhiber dans tous les lieux à la mode, à l'Opéra Garnier ou sur les champs de courses, accompagnée d'amies, femmes du monde, ou mannequins, habillées de pied en cap en Paquin. La maison habille également des actrices parmi les plus célèbres du moment : Mesdemoiselles Caron, Sorel et Granier, puis Lantelme et Polaire ; et surtout, elle le fait savoir!

Aristide Briand est un amateur de ses salons …

Isidore Paquin, le mari de Jeanne, décède en 1907 à l'âge de 45 ans, laissant Jeanne veuve à 38 ans. Plus de 2 000 personnes assistent aux funérailles d'Isidore. Depuis la mort d’Isidore, Jeanne s'est habillée principalement en noir et blanc.

Précisément, Marcel Proust publie au Figaro, en 1903-1904, une série de 6 chroniques intitulées “Salons parisiens” : salons artistiques, bourgeois et aristocratiques de Paris. Ces chroniques de mondanités lui valurent une réputation de journaliste snob plutôt que d’écrivain et lui fut nuisible dans sa quête d’un éditeur ( Gide ne prit pas la peine de lire le manuscrit...) pour le premier volume de son roman, Du côté chez Swann

Ces écrits dépassent largement la chronique mondaine ; Proust s'y livre sans retenue, sous les pseudonymes d'Horatio ou de Dominique ; son œil de journaliste observe les mœurs de la société avec beaucoup d'attention, en particulier à l'esthétique médiatique de la mondanité, à ses règles formelles, et à son inscription dans l'histoire … Ces écrits sont bien préparatoires à ''La Recherche'' et apparaissent ses goûts pour Saint-Simon et les mémorialistes...

Anne-Laure de Sallembier et la vie mondaine.

Le Grand Monde parisien incarne les valeurs françaises : élégance, raffinement, bon goût, il se veut être une société d’esthètes ; et Le Figaro est son porte-parole...

Les réceptions peuvent se tenir dans des cadres privés, ou dans des espaces publics, comme l'opéra, les théâtres, les ambassades, les grands hôtels... L'action caritative en est également le mobile.

L’engouement est aux salons musicaux : de nombreux compositeurs célèbres, comme Jules Massenet, Camille Saint-Saëns... sont à l’honneur et interprètent eux-mêmes leurs œuvres pour de grandes dames illustres.

En règle générale, on promeut l’œuvre artistique, et la chronique ne craint pas d'associer le nom de l'artiste reconnu à celui de la maîtresse de maison, elle-même amatrice dans l'art ; comme par exemple la Comtesse de Maupeou... ...

Paul Vidal qui devient le chef d’orchestre à l’Opéra en 1906; fréquente assidûment les salons...

Des merveilles d’ingéniosité et de goût se déploient dans les bals, et ceux de Boniface de Castellane et de Robert de Montesquiou sont restés célèbres...

Sources : Alice Bernard, historienne


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