“Dieu sauve la reine” résonne autour du Stade de France et les coqs se vantent sur les écharpes: deux jours après le Brexit, les supporters britanniques venus assister au choc France-Angleterre ont refusé de mêler rugby et politique. Le sport, “rien que du sport”.
Avant le début du fameux “Crunch” du Tournoi des Six Nations, les trottoirs de Saint-Denis sont envahis de maillots blancs et bleus et les joues rouges et les voix fortes des supporters indiquent que la bière coule dans les pubs depuis un certain temps.
L’ambiance est bonne et le divorce de vendredi entre le Royaume-Uni et l’Union européenne semble loin.
“Le Tournoi des Six Nations se moque du Brexit. C’est toujours le Tournoi des Six Nations”, a déclaré Mark Harrison, 52 ans, partisan du XV de la Rose de Portsmouth.
Bière à la main, abritée sous un auvent avec d’autres spectateurs du match, français et anglais, Mark est convaincu que “le rugby et le Brexit sont complètement différents. Le rugby n’a rien à voir avec la politique”.
Le résident de Southampton Simon Avery 43, admet avoir des “sentiments mitigés”, seulement 48 heures après le départ du Royaume-Uni de l’UE.
“C’est triste. Cela semble toujours irréel, mais il est beaucoup trop tôt pour avoir un changement significatif dans le sport ou la façon dont les gens peuvent en faire l’expérience”, a-t-il déclaré.
A la sortie du RER, devant un stand de saucisses, Mark Lawson veut séparer le Brexit du rugby. “C’est triste de ne pas avoir trouvé de solution mais le + crunch + c’est du sport, juste du sport”.
Son ami Graham Ward, de Gloucester, surenchérit: il reconnaît que le Brexit a exacerbé la “confrontation” entre son pays et le reste de l’Union européenne mais, dit-il, “le rugby est différent”. “Même si sur le terrain, ce sera une confrontation”, prédit-il.
C’est une confrontation entre deux équipes “mais pas entre deux nations, nous sommes tous de la même nation, celle du rugby”, résume-t-il. Et brandissez fièrement les colliers emblématiques à l’ail et les bérets rouges.
– “Le + crunch + du changement” –
“Si ce + crunch + est spécial? Mais le + crunch + est toujours un jour spécial!” rit Tom Nicholls, évoquant la vieille rivalité entre la France et l’Angleterre en rugby.
Ce “brexiter” supposé estime que tout ne doit pas être mélangé: “Ce n’est rien d’autre qu’un match de rugby. La vie est trop courte pour parler de politique”.
“Le rugby est un sport international qui rassemble les gens, pas comme le football. Nous sommes tout simplement amoureux. Le Brexit ne fait pas partie du jeu”, a déclaré Ron Macguire, un Écossais de 60 ans qui soutient … la XV rose.
Les fans français sont passionnés par le sujet, mais la discussion n’est pas toujours facile.
“Les Anglais n’osent pas nous répondre lorsqu’on leur demande s’ils sont pour ou contre le Brexit”, a déclaré Didier Besseron, un supporter tricolore. “Nous sommes avec eux depuis deux heures, on leur a proposé de boire, mais ils ne veulent pas nous le dire! Je pense qu’ils sont un peu en difficulté. En tout cas, ils ne gagneront pas aujourd’hui!”
Son ami Jacky Sormin salue ce discours, lève sa tasse de houblon et boit “au + crunch + du changement!”
02/02/2020 16:10:54 –
Saint-Denis (AFP) –
© 2020 AFP
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