N'ayez par peur

Publié le 09 février 2020 par Anned

Un spécialiste aurait sans doute mille choses à dire sur ce livre, le but poursuivi par le cardinal Sarah, la guerre ouverte au sein du Vatican contre François dont cet ouvrage est la pointe de l'iceberg, la probable instrumentalisation de Benoît XVI par son entourage, etc. etc.

Je retiendrais pour ma part de cet article cette seule phrase générale :

(...) ne font-ils pas de tout baptisé qui ose s'interroger (...) un potentiel suppôt de Satan, un adversaire de l'Église ?

C'était bien le problème dans les lamentables histoires d'abus sexuels sur tous ces enfants, c'était et c'est encore le cas dans les abus sexuels sur des religieuses en Afrique, en Inde... Pologne, Chili, Irlande, Frères de St Jean, Opus Dei, et j'en passe. C'est le propre de la manipulation de type sectaire d'accuser de trahison celui qui refuse de se soumettre aveuglément. Pauvre Esprit-Saint qu'on met à toutes les sauces pour exiger que les fidèles se comportent comme des moutons !

Lorsque je vivais à Buenos Aires dans les années 2000, les jeunes volontaires et prêtres de Points Coeur étaient proches de la paroisse francophone. Les jeunes cherchaient notamment des familles pour les accueillir du dimanche soir au mardi matin. Cela nous est arrivé trois ou quatre fois. Tout ce qui est aujourd'hui reproché à Points Coeur et à la Fraternité Molokai aujourd'hui dissoute, je l'avais perçu. Impossible bien sûr pour les jeunes eux-mêmes, en dépit même de leurs souffrances physiques (malnutrition, froid, mal logement, parasites...), d'être lucides. Mais même au sein de la paroisse francophone, les paroissiens ordinaires non seulement faisaient preuve d'un manque total de clairvoyance, mais encore ne toléraient pas que quelqu'un (moi...) questionne les prétendus charismes de l'oeuvre.

Et aujourd'hui, dans les paroisses lambda, c'est toujours la même chanson : relevez des faits objectifs, bénins ou pas, questionnez-les auprès de votre curé, d'autres paroissiens ou même du diocèse, et au mieux on trouve un moyen d'enterrer l'affaire, au pire on vous renvoie à la figure votre "péché" ! C'est comme ça que des personnes se font élire au conseil paroissial en clamant haut et fort qu'elles vont "protéger le curé". Je jure que je n'invente rien, c'est du vécu. Pas des années 60 ou 90. Non, ça date de 2015.

Parce que sans aller jusqu'à la perversité sexuelle, il y a des prêtres qui ne vont pas bien. J'étais pleine d'espoir en lisant dans l'article ci-dessous que les évêques de France se préoccupaient des "prêtres présentant des fragilités pouvant être facteurs de risque". Mais à ce jour, à ma connaissance, rien n'a été mis en place.

Alors je fais quoi, moi, si personne ne m'écoute ? J'attends le drame ?

Autistiquement vôtre,