[JE L'IMAGINE] J e l'imagine, infime signe noir Marilyne Bertoncini,
sur la plage de l'océan refermée
sur les naufrages, les blêmes corps des noyés en pleine terre
arrachés jusqu'à dix kilomètres de la côte,
flottant entre deux eaux,
entre les bancs argentés ondulant dans les zébrures sombres
des courants
comme pétales au vent,
écartant la chevelure fluorescente des méduses,
caressant les rideaux d'algues sur les restes d'étranges épaves
où rampent des étoiles,
frôlant d'improbables poissons aux yeux vitreux
dans les cavernes
de ciment brisé
et le flanc de collines des étraves couchées
où nidifie la pierre arborescente des coraux,
cerisiers inversés
à la dérive dans l'eau froide,
avec l'espoir en fil d'Ariane.
La Noyée d'Onagawa, Jacques André éditeur, collection Poésie XXI N° 58, 2020, page 30. Préface de Xavier Bordes.