Le journal du professeur Blequin (55) Bangkok-sur-Penfeld

Publié le 16 février 2020 par Legraoully @LeGraoullyOff

A gauche : le buste de Kosa Pan. A droite : Son Excellence l’ambassadeur.

Samedi 15 février

10h30 : Déjouant les pronostics météorologiques « optimistes » (vous connaissez assez mon aversion pour le soleil d’hiver pour comprendre pourquoi je met cet épithète entre guillemets), Brest s’est réveillée avec le ciel gris et le grand vent qui lui sont coutumiers. J’ai tout de même décidé d’assister à l’inauguration du buste de Kosa Pan installé en bas de la rue de Siam, juste en face de la station de téléphérique. Précisons tout de suite à l’attention des lecteurs non-savants que l’individu honoré par cette statue de bronze était l’ambassadeur du royaume de Siam (la Thaïlande actuelle, ‘faut tout vous expliquer ou quoi ?) qui était passé à Brest en 1686 pour traiter avec Louis XIV. J’arrive une demi-heure avant le début de la cérémonie : il y a déjà quelques individus qui ont bravé les intempéries, dont quelques « notables » de Brest et, bien sûr, des Thaïlandais visiblement heureux que leur pays soit honoré de la sorte. On peut penser ce qu’on veut des cérémonies officielles de ce type, mais par les temps qui courent, la défense de l’amitié entre les peuples a de quoi réchauffer le cœur

Elle est en fait beaucoup plus jolie que sur mon dessin, vous vous en doutez.

11h : Les officiels sont là, au milieu d’une foule compacte : il ne pleut pas, c’est suffisant pour que les Brestois ne ratent pas l’événement, ils sont visiblement fiers que leur Brest ait été une étape de cette ambassade siamoise. Pourtant, le passage de Kosa Pan et de ses collaborateurs a sans doute été moins fastueux qu’on ne l’imagine : ils n’avaient pas apporté d’éléphants, contrairement à ce que dit la légende (le transport de ces pachydermes était trop risqué au vu des techniques de navigation de l’époque) et, contrairement à ce que j’ai moi-même écrit (shame on me) ils n’avaient pas remonté la rue Saint-Pierre, qui n’existait pas encore, mais celle des Sept-Saints. Mais cette visite est entrée dans la légende pour ne plus en sortir et le mythe de Siam est plus fort dans le cœur des Brestois que tous les démentis historiques : j’en rajoute moi-même en brandissant mon tableau représentant un éléphant sur la rue de Siam, ce qui me vaut d’être pris pour un manifestant par un monsieur soupçonneux que je détrompe (!) heureusement sans mal. L’ambassadeur de Thaïlande est accompagné d’une femme que j’imagine être son épouse : cette dame est magnifique, on dirait presque Gwyneth Paltrow en version asiatique. Quand les drapeaux français et thaïlandais sont déployés derrière le buste de Kosa Pan, je crie « Vive l’amitié entre les peuples ! » On a dû me prendre pour un fou, mais j’ai l’habitude…

11h10 : L’inauguration aura été courte mais brève. Je me mêle au cortège qui prend la direction de la mairie, toujours en brandissant mon tableau. Du moins jusqu’à ce qu’un monsieur m’exhorte à le remiser : je m’exécute lâchement ; je n’avais pourtant pas l’intention de voler la vedette aux Thaïlandaises, toutes plus jolies les unes que les autres, qui chantent et dansent tout en remontant la rue : j’en aurais été de toute façon bien incapable tant elles font de bruit ! Mais ce n’est pas désagréable : c’est rare d’avoir une telle ambiance en plein centre-ville de Brest un samedi matin, surtout avec le temps qu’il fait !

à suivre…

Le tableau que je brandissais. Notez que j’ai triché : j’ai fait un éléphant d’Afrique, parce que je les trouve plus photogéniques…