Et la laïcité ? Bordel !!! #9

Publié le 04 mars 2020 par Observatoiredumensonge

Les prédicats temporels du droit spirituel : ex nihilo nihil fit...

Et la laïcité ? Bordel !!!

Par Daniel Desurvire

Chapitre 9

b) Les prédicats temporels du droit spirituel : ex nihilo nihil fit*

De rien, rien ne nait* ", Lucrèce, in, " De rerum natura " (98-55 av. J.-C.). Pour Parménide d'Élée (" De la Nature " V e av. J.-C.), le non-Étre n'est pas. Mais pour l'un et l'autre, le ciel était un laboratoire, moins un panthéon. Une courte réflexion s'impose sur les assises du présent ouvrage, afin de cadrer la religion avec les normes telluriennes, la diplomatie et la législation croisée internationale qui en découlent. En premier lieu, nous observons que les fondements juridiques d'un culte sont aussi peu cohérents en droit positif que peut apparaître la notion abstraite d'un monde divin, d'une autorité spirituelle désincarnée, réputée sacrée par ses inventeurs et ses prêtres, qui aurait un quelque pouvoir sur l'humanité depuis ses codes temporels ou à partir de l'appréhension d'une autre vie avec ses lois présumées intangibles et son continument céleste.

La réalité séculière n'a de lien avec le surnaturel ou avec l'au-delà spirituel, que depuis la projection anthropique de notre monde dans l'imaginaire de ceux qui la conceptualisent et l'érige en gouvernement (théocratie ou hiérocratie). En l'occurrence, même un dieu ne saurait naître de rien*. Cependant, la seule évocation de sa présumée existence suffit à le faire supposer, tel un avatar au beau milieu des vivants ; un monde qu'il reste toujours à explorer depuis les limbes de l'émergence. Cependant, le monde réel, pour conduire une société libre, laïque donc démocratique, a besoin d'autre chose que de gourous qui s'emploient à gérer leurs sujets et croyants avec les seuls préceptes surannés d'un vieux livre aux versets surannés, qui n'a plus cours ni de concordance avec la société moderne.

De fait, on peut n'être rien, qu'une légende, un culte ou un idéal et tout à la fois incarner le fondement dogmatique d'une révolution sociale, d'une idéologie ou d'un graal martial. Mais peut-on prétendre être Dieu, supposé altruiste et pacifique, puis insuffler concomitamment la conflagration dans le mental des hommes, sauf à être un génie malfaisant ou le Diable en personne ? Eh bien oui, il en subsiste effectivement un à ce jour, pas davantage plus authentique que les autres, mais qui semble néanmoins avoir prise sur un bon tiers de la planète et déclencher toutes sortes de conflits. Celui-là, sous la bannière lunaire d'un l'Islam déliquescent, parvient à embraser les sphères les plus fragiles de la société qu'il soulève de ses exhortations belliqueuses, reprises à l'unissons par ses adorateurs disséminés partout, en y réussissant fort bien.

Sorti de l'obscurantisme antique et médiéval, le jurisconsulte moderne ne saurait légiférer de façon cohérente et impartiale avec les textes sacrés d'un jus canonicum (loi canonique). Ce législateur ne pourrait seulement qu'affleurer les contours emblématiques d'une codification spirituelle, donc abstraite et décalée de la réalité, dans le fil d'un ordonnancement empreint de superstitions, puis tenter de corroborer les droits divins et vernaculaires entre ciel et terre. Cela est évidemment impossible, sauf dans une théocratie où les droits naturels y sont proscrits.

Ce pourquoi, l'application de la sharî'a (loi islamique) et du minhaji (recueil de jurisprudence) avec ses écoles (madhhab, madrasas) comme instrument du droit au service d'une divinité démoniaque à laquelle tout un peuple serait asservi est une absurdité, sachant que ce droit résulte d'une extrapolation impossible, car désincarnée du vrai monde. D'ailleurs, avant même de poser la règle, il faudrait admettre l'immanence d'une divinité seulement inhérente avec l'invisible ou l'intangible, donc non transposable à l'homme. Au surplus, ces lois sharîaques, disruptives en rapport à l'existant séculier, se sont révélées, après les annales pétrifiantes menées dans les républiques islamiques et celles des révolutions du Printemps arabe, une calamité pour les sujets musulmans, dont toutes les libertés sont étranglées à la façon des plus grandes dictatures communistes, impériales et nazies du XXe siècle.

En second lieu, puisque nul législateur moderne ne peut s'ouvrir autrement au régime politique de l'Islam qu'en observateur depuis l'étranger ou gardien de la liberté des cultes en interne, le droit temporel ne peut faire autorité autrement qu'en théorie et de façon parcellaire, puisque la justice de l'Éternel ne concerne que les croyants et seulement les siens. Ce pourquoi la religion en politique ne peut être que ségrégationniste. De fait, si un légiste audacieux venait à entrer dans l'orphisme, l'herméneutique, l'exégèse et l'éthique de l'Islam, sans doute serait-il contraint d'abroger des centaines de versets, de procéder au démantèlement de sourates entières, eu égard aux innombrables horreurs consternantes qui noircissent le Coran ; un Livre incompatible avec la morale, au sens commun et aux droits fondamentaux du monde libre et civilisé.

Quant aux religions judéo-chrétiennes, certains passages de la Torah et de la Bible se verraient également rayés des Livres saints ou relégués au chapitre des écrits apocryphes, comme cela pourrait être envisagé dans le Lévitique, la Genèse, les Nombres etc. Nonobstant les quelques révisions théologiques et historiques du Vatican au cours du dernier siècle (l'aggiornamento, le Jubilé de l'an 2000), il reste encore de nombreuses zones d'ombre en termes d'éthique et de paix, comme l'esclavagisme (Ex. 20, 21-26 et Dt. 15-14, Lv. 25-10) et les holocaustes (G. 7,1-12), qu'il faudrait revisiter en droit canon, sinon les ajouter aux apocryphes. Ce pourquoi, les formulations juridiques encadrant les cultes ne peuvent s'exprimer que sur le schème théologique, non dans l'esprit et encore moins dans les actes et sur le terrain du droit séculier.

À suivre

Ancien directeur du Centre d'Étude juridique, économique et politique de Paris (CEJEP), correspondant de presse juridique et judiciaire. Daniel Desurvire est l'auteur de : " Le chaos culturel des civilisations " pointant du doigt les risques de fanatisme de certains cultes et de xénophobie de certaines civilisations, auxquels s'ajoutent les dangers du mal-être social, de la régression des valeurs morales et affectives ou de la médiocrité des productions culturelles, dont la polytoxicomanie en constitue l'un des corollaires. L'auteur choisit d'opposer le doute et le questionnement aux dérives dogmatiques et aux croyances délétères " (in, Les cahiers de Junius, tome III, "La culture situationniste et le trombinoscope de quelques intellectuels français" : Édilivre, 2016).

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