Aurore
Vint l’ombre vint le jour
Et puis entre les deux
la plus que tendre aurore
Semant l’or sur les blés
sur les arbres fruitiers
sur les vieilles maisons
sur l’eau de la rivière
Sur les rues familières
de ma ville où très tôt
le matin je sortais
pour la voir apparaître
toujours fraîche et légère
Et dont les doigts de rose
comme le dit Homère
vont jusqu’à doucement
caresser le front blême
des blessés des mourants
dans nos maudites guerres
Et j’ai noté ceci
dans mon petit carnet
il n’y a pas longtemps :
« Dans un monde aujourd’hui
où désormais ne brille
que l’argent non l’aurore
Je le dis franchement
Je rends mon passeport
Tu peux sourire Aurore
et néanmoins c’est vrai
Je sais que tu le sais
Ainsi soit-il Aurore
Je peux mourir en paix.
(Ce poème inédit marque l’ouverture du Passe-Muraille, No72, Mai 2007, intitulé Reconnaissance à Georges Haldas. )
JLK : Aurore sur le Grammont. Huile sur panneau, 2005.