Écrire c’est presque offrir l’éternité aux mots qu’on ne prononce pas à haute voix, c’est pourquoi il faut parfois réfléchir à deux fois à ceux qu’on « grave » sur le papier, en leur offrant ainsi une sorte d’immortalité, puisque lisibles et re-lisibles à volonté… Les paroles s’envolent, (pas toujours), les écrits restent, (pas toujours non plus, mais les déchirer n’entame en rien le fait qu’ils aient existé)…
Et si les choses à dire sont parfois douloureuses à entendre, les lire ne les rend pas moins indigestes mais évite au moins les réparties trop violentes…
J’ai de moins en moins besoin de faire des mises au point, je suis heureuse en amitié, parce que ces amitiés là ne demandent ni ne rendent de comptes.
Nos avis divergent, ce qui enrichit nos échanges, le respect de l’autre et de ce que la vie a fait de lui domine, nos élans sont spontanés, nous retrouvons les uns et les autres volontiers, sans jamais se poser la question de qui a invité plus qu’un autre, ni qui a pris des nouvelles de l’autre le premier… L’amitié n’est jamais une comptabilité de qui a fait quoi et quand, qu’elle soit d’enfance, très ancienne ou plus récente, elle se dessine presque au premier regard, comme si notre cœur reconnaissait d’emblée son âme sœur.
Il faut donc se résoudre à ouvrir grand les yeux pour ne pas se laisser abuser par tout ce qui ressemble de près ou de loin à ces approches pourtant d’abord potentiellement sympathiques mais qui en arrivent rapidement au vif du sujet, l’intérêt de ce que vous êtes susceptible de leur apporter. Mais parfois elles sont plus difficiles à débusquer, toutes en douceur devant, et épineuses à peine saluées ! Ou empreintes d’une sorte de jalousie qui avance masquée, s’avérant ainsi des plus toxiques sur le long terme… Vous me rétorquerez avec raison que ce ne sont donc pas des amitiés que celles là, certes.
Quand on se méprend sur une amitié, il faut parfois du temps pour s’en apercevoir, qui n’a jamais déçu lui-même et n’a pas été heureux et soulagé qu’on lui pardonne ?… C’est ainsi qu’un bon tempérament pardonnera par gentillesse, une fois, deux fois, trouvant à l’autre quelque excuse qui pourrait expliquer une attitude inappropriée… Qui ne fait jamais d’erreur ?
Mais tombe la goutte de trop qui fait déborder le vase, et toute gentillesse bue, ne reste dans la bouche que le goût désagréable de la supercherie qu’on a pas su détecter ! Persévérer dans la magnanimité friserait la sottise… Au diable cette sensation de malaise qui vous étreint quand débusquée la mauvaise foi tente une ultime manipulation qui vous ferait presque douter de votre propre sincérité !!! Certaines impostures méritent, enfin décelées, qu’on leur dise leur fait avant de les quitter, d’autres ne sont dignes que d’indifférence, incapables seraient-elles de discerner ce qui cloche d’elles ou de ceux qu’elle a blessé !… Car là aussi la perfidie le dispute à la bêtise…
C’est pourquoi depuis un moment déjà, la vie m’apprend après m’avoir fait chausser mes lunettes, que « tout ce qui brille n’est pas or », l’amitié peut être aussi discrète que profonde, elle irradie alors qu’ailleurs elle se cache timide derrière un ton bourru, elle est discrète mais efficace, jamais aux abonnés absents, mais ne s’impose nullement. Les amis sont de nature lumineuse, on devrait toujours les reconnaitre à cette bienveillance dont ils habillent leur regard…
A mon âge, aurait dit ma grand-mère, je n’ai plus de temps ni d’énergie à gaspiller avec des gens qui ne me méritent pas !!!!