À propos du "virus étranger", de mon test de demain et de notre jardin candide...
(Page de journal dédiée à Tony & Tim)
À la maison bleue, ce jeudi 12 mars. – Je me suis réveillé cette nuit à 3 heures du matin, en nage, et riant du rêve que je venais de faire, où j’étais censé enseigner le ski (et plus précisément la figure du Telemark élégant) à une classe de neige de Chinois virtuels tels que je les décris dans mon dernier ouvrage célébré (là encore dans le rêve) par les médias internationaux – le comique tenant au fait que j’ai cessé de skier depuis longtemps et que je ne recommencerai à marcher qu’après-demain puisque ce vendredi 13 sera consacré à une double angiologie supposée curative des mes artères fémorales.
Mais qu’adviendra-t-il réellement, demain, de ma liberté de mouvement ? Ne vais-pas ressortir de l’hosto sous emballage aseptisé et contrôle policier après qu’on m’aura testé positif comme j’ai des raisons de le craindre au vu des symptômes que j’accumule depuis mon infection pulmonaire fiévreuse de décembre dernier où l’on m’a bel et bien parlé d’un virus atypque, à savoir : toussotements caverneux et sternum comprimé, selles liquides et fatigue latente après la sieste, pupille ensanglantée et circulation perturbée aux heures de pointe – mais aucune fièvre : peut mieux faire...
Cependant le rire est-il de mise ? N’est-ce pas une indécence cynique au moment où tant d’Italiens innocents se trouvent confinés dans leurs cages à lapins ou leurs palais ? Et les Corses malheureux ? Et les évangélistes pandémiques ? Et demain les Alsaciens, les Estoniens et peut-être les plus beaux quartiers de Paris, ou notre Palais fédéral sous cloche ?
GRACIAS A LA VIDA. – Avec son bon sens coutumier et son optimisme de vieille lutteuse polythéiste, Lady L. ne se laisse démonter par rien, même pas par la menace potentielle que je représente à ses côtés, cependant attentive au moindre rhume des petits lascars de notre deuxième fille et m’enjoignant de me laver les mains en revenant de la Migros.
Nous avons visité ensemble la grand expo consacrée il y a deux ans de ça à Jérôme Bosch et savons donc à la fois les dégâts de la peste et la façon de la sublimer (par la peinture, s’agissant de Hieronymus) avant de laisser la Nature (et les nano-technologies actuelles en font partie) poursuivre son job à deux vitesses, d’anéantissement en reconstruction.
Après tout, notre ingénieuse espèce s'est remise des 200 millions de morts de la méchante grippe survenue au début du XXe siècle, sans compter les tueries mondiales et autres génocides adjacents...
De la même façon, en lecteur assidu des Classiques, de l'Ecclésiaste biblique qui en a vu d'autres au brave Homère et au sourcilleux Dante, jusqu’au salutaire Shakespeare, je souris de reconnaissance sardonique à l’observation du Crétin universel, positivement emblématique, que représente l’actuel président des USA, preuve vivante de l’inanité du Système et de l'imbécillité millénaire du sous-simiesque Sapiens - le Virus mental sur pattes que Superdonald ! Et comment ne pas le remercier ?
Enfin Lady L., un peu fataliste dans son réalisme tendre, comme toutes les femmes en somme, me répond volontiers, des pires choses qui se passent sous nos yeux, que « tout ça » a toujours existé, et j’ai beau m’insurger : je sais qu’elle a raison, et comme elle je reprend le vieux couplet latino, Gracias a la vida, avant de retourner à notre jardin candide dont les enfants sont les princes...