— Madame, vous pensez que ça va durer longtemps la fermeture du lycée ?
— Je ne sais pas.
— Madame, vous croyez que le bac va être annulé ?
— Je ne sais pas.
— Madame, vous croyez qu’il y a des gens qui l’ont, le coronavirus, dans le lycée ?
— Pas à ma connaissance.
Et oui, il fallait bien varier le registre de vocabulaire. Sortir du « je ne sais pas » pour dire la même chose avec d’autres mots. Jamais je n’ai autant été dans l’incertitude face à mes élèves, or nous savons tous à quel point celle-ci est génératrice d’angoisse, chez les jeunes comme chez les adultes.
Bien sûr beaucoup de ces jeunes sautaient de joie, voyant dans ce temps à venir des vacances infinies. Mais pas tous. La continuité pédagogique voulue par le ministère aura ses limites, forcément, mais nous ferons de notre mieux (quoique dans l’improvisation la plus totale) pour que les enfants et les ados ne décrochent pas totalement de la chose scolaire.
Un temps incertain s’ouvre devant nous, une sorte d’aventure finalement, un moment dont les enfants d’aujourd’hui parleront à leurs propres enfants demain : « tu ne peux pas te rendre compte, Théodore-Marcel, mais en 2020, les écoles ont toutes été fermées d’un coup, du jour au lendemain ! ». Une jeune fille d’à peine seize ans me demandait ce matin si le coronavirus et la fermeture des écoles seraient, plus tard, dans les livres d’histoire. Je lui ai répondu « je ne sais pas ».