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Craft beer – Chez Airvault, une bière locale pour remplir les cartons des clubs sportifs – Bière noire

Publié le 18 mars 2020 par Cafesecret
Stéphane Kislig, président de l'US Airvault (Deux-Sèvres), au gymnase de la ville. Au premier plan: la bière L’Aivauldaise produite localement. <img src="https://img.lemde.fr/2020/03/11/0/0/2016/1512/688/0/60/0/0dbff1c_SNsQB67hrMxYAKkDfjpopTip.jpg" /> Stéphane Kislig, président de l’US Airvault (Deux-Sèvres), au gymnase de la ville. Au premier plan: la bière L’Aivauldaise produite localement. FP

Pour remplir ses cartons, l’Airvault Sports Union (Deux-Sèvres) ne procède pas différemment des autres clubs: elle organise toute l’année des lotos, des balles, des vide-greniers, dont les bénéfices sont directement injectés dans le contrôle de ses licenciés, ici 260 en nombre, divisé en quatre sections (handball, basket, judo, tennis). Une fois par an, elle achète aussi parfois des caisses de champagne ou des sachets de bonbons, qu’elle vend ensuite individuellement, avec un petit bénéfice.

Un nouveau produit vient d’être ajouté à son catalogue: une bière maison, spécialement fabriquée par une brasserie voisine. Deux semaines après son lancement, l’Airvaudaise a connu un succès retentissant: les deux palettes commandées (2 300 bouteilles de 33 cl) sont parties comme des petits pains. Le réapprovisionnement arrive bientôt, rassure Stéphane Kislig, le président des USA.

Canular

Dotée d’un degré alcoolique aussi astronomique que fantasque de 179% (79 est le numéro du département des Deux-Sèvres), la boisson est accompagnée d’une épithète – “Bière de corsaire” – et une légende selon laquelle sa recette aurait été créée par le pirate Olivier Levasseur (1690-1730), dit “La Buse”, connu pour ses faits d’armes dans les Caraïbes et l’océan Indien. Installé sur la côte aquitaine à la fin de sa carrière, le forban aurait établi une piraterie sur le Thouet, affluent de la Loire, afin de piller les silos de malt d’orge et de houblon de la haie. Pure infox, aura immédiatement corrigé les membres du club, habituel des blagues de son président.

Formateur dans le secteur bancaire et des assurances, Stéphane Kislig, 54 ans, aime les canulars. Fin janvier, il a fait semblant de lancer une liste au niveau municipal, intitulée Imagine Airvault, soutenue par la Fondation John-Lennon (qui n’existe pas). Parmi ses propositions, très électorales: la construction d’une tyrolienne pour relier le haut et le bas de la ville, et la construction d’un héliport adapté à la téléportation.

En hommage à Marcel Duchamp, il a également participé, il y a un an, à l’installation sauvage de 15 cuvettes de toilettes aux quatre coins d’un nouveau carrefour de la ville. Les toilettes ont été fournies par l’un des membres de son gang. “Gays”, plombier de son état. “Les services municipaux les ont démantelés le lendemain matin à la première heure, preuve qu’ils sont un peu débordés d’humour”, il dit.

“Nous ne contrevenons pas à la loi, mais nous sommes nécessairement à la limite. Je suis d’accord: ce n’est pas très cohérent pour une association sportive de concevoir et de vendre son propre alcool.”

Cette cervoise locale maladroite ferait tout autant rire si elle ne fermentait pas dans les zones grises de la loi Evin de 1991, censée réglementer la consommation d’alcool dans les stades. Cela limite à dix le nombre d’exemptions annuelles qu’une association sportive peut obtenir pour vendre de la bière et du vin pendant les compétitions – un quota que l’US Airvault respecte strictement. Rien n’empêche cependant un club de créer une boisson alcoolisée (5,5% ici, en réalité). “Nous ne contrevenons pas à la loi, mais nous sommes nécessairement à la limite. Je suis d’accord: ce n’est pas très cohérent pour une association sportive de concevoir et de vendre son propre alcool”, admet Stéphane Kislig.

L’opération a déjà rapporté 2 000 euros. Avec les beaux jours, il pourrait apporter autant, sinon plus, dans les coffres d’un club dont le «grand événement» est l’organisation d’un tournoi de tennis pour les joueurs en fauteuil roulant. Stéphane Kislig n’en a pas fini avec la bouffonnerie cette année. Il affine actuellement un communiqué de presse indiquant que le “populaire” Le rappeur et DJ américain Juan Carlos Noriega, alias JJKO, cherche à acheter une maison à Airvault pour y vivre toute l’année. L’annonce sera faite le 1euh Avril.

Frédéric Potet


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