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Le coronavirus vu par une Française en Inde - Février 2020

Publié le 19 mars 2020 par Indiansamourai

5 février

  • Nombre de cas en France : 6
  • Nombre de cas en Inde : 1

Un collègue français me parle de Wuhan. Quezaco ?? Jamais entendu parler de ce bled ! Ni du virus qui s’y propage. Sa description me fait penser à un roman apocalyptique et puis je retourne à mon travail, j’ai d’autres chats à fouetter moi.

17 février

  • Nombre de cas en France : 11
  • Nombre de cas en Inde : 3

Une collègue française me demande d’écrire un message de soutien à nos collègues chinois. Bien contente que ce virus de mes deux viennent de Chine et non d’Inde – ça la fout mal pour l’image quand même – j’arrive à faire de l’esprit :

« Message d’un géant qui fait peur au monde à un autre géant qui fait peur au monde :

Les Indiens, comme les Chinois, ont quelques proverbes de sagesse antique vers lesquels se tourner en période difficile.

J’ai trouvé celui-ci : « Nous ne pouvons pas changer la direction du vent, mais nous pouvons ajuster les voiles. » Et si je suis sûre que l’équipe d’Andros China maîtrise les bases de la navigation ou du cerf-volant, il m’a semblé un peu bateau.

Et puis je suis tombée sur un autre : « Lorsqu’un éléphant est en difficulté, même une grenouille le frappera. » Mais soyez assurés que le petit batracien indien est là pour soutenir le pachyderme chinois dans ses épreuves de début d’année. Nous pensons fort à vous. »

En même temps, j’entends parler du nouveau racisme dont les Français d’origine chinoise sont victimes. Une vidéo sur Facebook me fait rire : Une fille d’origine asiatique descend dans le métro, le visage couvert par un masque et collé au téléphone : « Je ne sais pas ce que j’ai, je reviens juste de Chine, et je tousse. » Trois glandus qui squattaient les sièges sur le quai se lèvent et se barrent en courant. Elle s’assoit et les traite d’idiot en se marrant. Et puis elle se tourne vers un quatrième individu, un noir, et lui demande pourquoi il ne s’est pas enfui comme les autres. « Moi, j’ai ebola. » Comme un ressort elle se lève et détale. Dans quel monde vivons-nous !

28 février

  • Nombre de cas en France : 57
  • Nombre de cas en Inde : 3, tous guéris

Je regarde les statistiques en France et en Inde, matin et soir. On dirait les J.O.

Les gens me posent de plus en plus de questions sur le mystère indien : 3 cas seulement ? Ne savent-ils pas compter ? Ne comptent-ils pas ? Les Indiens sont-ils immunisés naturellement – le Corona ne trouvant pas sa place parmi les autres maladies qui traînent genre dysenterie, tuberculose, jaunisse, malaria, dengue ? Fait-il trop chaud ? (Pourtant, dans le nord, c’est encore l’hiver.) Nous croisons les doigts parce qu’un virus hyper transmissible pourrait faire un véritable carnage en Inde :

  • Avec la surpopulation, ils ont l’habitude de vivre collés les uns aux autres. Faire la queue sans se frotter à son voisin, ce n’est pas envisageable.
  • Alors ok, ils font traditionnellement le geste du « namasté» au lieu de se serrer la main ou de se faire la bise, mais à part ça ils sont hyper tactiles et marchent volontiers en se tenant la main.
  • Selon la Public Health Association, seulement 53% de la population se lavent les mains avec du savon après défécation, 38% se lavent les mains avec du savon avant de manger et seulement 30% se lavent les mains avec du savon avant de préparer la nourriture.
  • Seulement un quart de la population totale de l’Inde a de l’eau potable chez elle. (source)
  • L’Inde aurait 739 024 lits d’hôpitaux dans des établissements publics – soit 0,6 lits pour 1 000 personnes (source). Les lits de réanimation représenteraient 5% du nombre total de lits (source), soit moins de 40 000. Et puis il faut voir les hôpitaux publics hein. Je voudrais pas cracher dans la soupe mais j’en ai visité un paquet, surtout les ailes réservées à l’accouchement où il n’est pas rare que plusieurs femmes partagent un lit pre et post-partum. La France a 3 lits en soins intensifs pour 1 000 habitants : 253 364 lits d’hôpitaux publics et 5 000 de réa (source)[4]. Je te laisse faire les maths et je nous laisse trembler (3 fois plus de lits d’hôpitaux, 8 fois plus de lits de réa, 20 fois plus d’habitants).
  • Et puis comment survivraient les pauvres, ceux qui gagnent leur pain quotidiennement, si on les forçait à rester chez eux. Ah oui c’est vrai, beaucoup n’ont pas de chez eux. C’est pas gagné.

Des rumeurs circulent sur l’influence des températures sur le virus. Il est tentant de se réfugier dans ce mince espoir.

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