S'il y a eu un déménagement qui n'en valait pas la peine, c'est celui fait par Michel *, le 7 août 2018. Ce jour-là, c'est en soutane que ce trentenaire suisse, sans formation, sans emploi et rupture sociale, traverse le rue d'un village vaudois avant de s'introduire dans une banque Raiffeisen. En deux minutes, sous la menace de sa fausse arme, deux employés lui ont remis des liasses de devises et de francs. Le voleur cagoulé s'est alors enfui avec un butin d'environ 15 000 francs.
Un vol de 15 millions sur le tarmac
La vidéo du hold-up Daillens (VD)
L'audience de jeudi s'est déroulée dans des circonstances particulières marquées par, coronavirus forcé, une distance de sécurité entre le procureur, l'avocat, l'accusé, les trois juges, le greffier, les deux gardiens de prison et votre domestique.
Sa course ne durera pas longtemps. Une heure après les faits, il a été arrêté par la police dans un poste non loin de la banque. Michel ne pouvait même pas profiter de sa petite fortune soudaine et mal acquise. Le voleur en soutane a juste eu le temps d'acheter une bière, une pâtisserie et un thé froid. (En février Coire, la police a surpris un voleur en train de boire une bière dans un bar local après son crime).
Michel a été jugé et condamné à 30 mois de prison en première instance. Ayant jugé cette peine trop clémente, le procureur Carole Deltra a fait appel. L'affaire a été examinée jeudi matin par le Tribunal cantonal vaudois. L'accusé a eu un comportement inacceptable pendant le vol. Il se moquait de ce qu'il faisait à ses victimes. Il les a menacés avec un pistolet et leur a demandé plus d'argent en comptant à rebours, a expliqué le magistrat. Carole Deltra a également rappelé que le voleur avait préparé son acte. Il s'était habillé et avait changé de vêtements et de chaussures, a ajouté le procureur avant de purger 48 mois de prison.
Pour moi Charlotte Iselin, Michel n'a rien du gangster pro qui prépare méticuleusement son déménagement. En traversant le village en soutane, mon client a été facilement repéré. Dans les images de vidéosurveillance de la banque, on le voit fébrile et paniqué. Il tremble tellement qu'il laisse tomber la moitié des factures. Le butin a été récupéré et rendu à la banque. Il ne manquait que 12,5 francs qu'il a remboursés.
L'avocat lausannois a également souligné les points de vue des experts et le psy de Michel qui a retenu que l'accusé est blessé d'avoir fait souffrir ses victimes. Après avoir constaté que son client souffrait d'un handicap social majeur avec un discours en décalage avec ses capacités cognitives, elle a exhorté la Cour d'Appel à ne pas augmenter la peine. Il a admis les faits et regrette son geste. Il évolue positivement et en prison, il met de l'argent de côté pour indemniser ses victimes. Pourquoi une peine de 18 mois de plus si nous voulons qu'il réintègre la société? a plaidé la défense.
Invité à parler en dernier, l'accusé en costume et aux pieds enchaînés a assumé son geste d'un ton calme. Je mérite d'être puni. Je pense souvent aux victimes. Je suis prêt pour la justice réparatrice. Je souffre et j'ai besoin d'aide pour fonctionner dans la société, a-t-il déclaré.
Le verdict sera rendu avant la fin de la semaine prochaine.
* Nom du prêt