20 mars
- Nombre de cas en France : 10 995 (372 morts)
- Nombre de cas en Inde : 198 (4 morts)
Je me demandais hier soir si je publierai un post aujourd’hui. Après tout, faut pas en faire des caisses non plus.. Mais le Premier Ministre indien a parlé le 19 mars au soir. Et comme cette nouvelle de bon matin nous a valu, à mon mari et moi-même, une de nos rares disputes, ce serait dommage de ne pas en parler.
Alors voilà, Modi a lancé le Janta Curfew (ou Couvre-feu Janta, Janta signifiant le peuple). Et alors là, tiens-toi bien, les mesures sont à l’échelle du problème. Ou pas.
- Dimanche 22, un couvre-feu auto-imposé a été lancé. Tout le monde est « invité » à rester chez soi de 7 à 19 heures.
- Le 22 mars, les Indiens sont invités à se mettre à leur balcon et applaudir pendant 5 minutes pour tous ceux qui ouvrent à nous sauver.
- Il est recommandé aux résidents indiens de pratiquer la distanciation sociale.
- Il est recommandé aux vieux de rester chez eux.
- Il est recommandé de ne pas aller à l’hôpital pour des trucs de routine ou pas grave ou pas urgent.
- Une force d’intervention économique va être mise en place.
- Ne cédez pas à la tentation de stocker et d’acheter sous la panique.
- Les riches doivent aider les pauvres. Par exemple, si vous demandez à votre chauffeur de rester chez lui, payez-lui quand même son salaire.
- N’écoutez pas les rumeurs.
- Faites circuler le message à au moins 10 personnes – le téléphone arabe (oops ça plairait pas à Modi ça) sur les réseaux sociaux fonctionne mieux que ses annonces télévisées.
Ce qui circule encore plus vite sur whatsapp, c’est une note expliquant l’intérêt du couvre-feu de dimanche : Comme le virus ne survit que 14 heures sur des surfaces pas humaines, paf, une journée à la maison et on n’en parle plus. M’est-avis que c’est une petite machination du Congress ce message, une pique visant à décrédibiliser le parti au pouvoir. C’est quand je me suis insurgée contre cette idée – un peu agressivement peut-être, j’y peux rien, la connerie ça m’énerve – que mon Indien préféré a réagi.
À part ça, j’ai pu lire que ce couvre-feu était davantage une « expérience sociale » que quelque chose de médical. Histoire de voir si les Indiens peuvent rester chez eux, quand ils ont un chez-eux. Bonne idée de le faire un dimanche en plus, quand les gens (de la classe moyenne) en général restent déjà chez eux (à part un petit resto ou un petit film ou un petit tour au mall). Comme ça on va avoir des résultats bien probants.
Quant au point 4, c’est un point délicat en Inde où les grands-parents vivent encore majoritairement à demeure chez leurs enfants. C’est pratique pour garder les enfants quand l’école ferme mais dans ce cas présent, il semblerait que cela les mette à risque.
Bref, ce Janta Curfew, c’est un peu une blague. C’est histoire de dire « on ne parque pas les gens chez eux » (mais ils sont assez matures pour décider de le faire tout seul) mais on ne fait pas rien non plus, comme les collègues iraniens. Et puis ils grattent la corde sensible des Indiens : leur émotionalité. Tapons dans les mains, chantons Om et tout ira bien. Mais bon, à défaut de pouvoir faire mieux vu les circonstances (d’hygiène, de pauvreté, de surpopulation, d’insuffisance hospitalière), on se contentera de ça !