Bière artisanale – en Suisse, les réservistes se mobilisent pour la première fois depuis 1939 – Bière brune

Bière (Suisse) (AFP) - Romain est infirmier civil, Gabrielle ambulancière: comme des milliers de réservistes de l'armée suisse, ils ont été mobilisés pour monter le front de la bataille contre le nouveau coronavirus, une première dans le pays depuis la Première Guerre mondiale II.

Un vent glacial souffle ce dimanche matin à la place d'Armes dans la caserne de la Bière, à quelques kilomètres du lac Léman dans le Jura suisse. Les hommes et les femmes du "bataillon de l'hôpital 2" connaissent bien les techniques de contrôle sanitaire, avant de partir en mission de soutien dans le pays, certains commençant le soir.

Dans un hangar, quinze soldats, certains portant des masques, apprennent les gestes simples d'un brancardier, comment poser un patient sur un lit, comment le soulever, etc. Sur une table près des instructeurs, bouteilles de gel hydroalcoolique, masques , gants.

S'il évoque sa "fierté" de s'engager dans son pays, le sergent Romain Berset, 28 ans, reconnaît également "un peu l'inquiétude" d'avoir dû quitter son poste d'infirmière dans la ville en pleine pandémie. "C'était une question, au moins pour moi, de voir comment je pourrais être remplacé", a-t-il expliqué à l'AFPTV.

- Jours "critiques" -

La Suisse a franchi la barre des 7 000 cas d'infection à Covid-19 samedi, dont 60 morts (37 dans le seul canton du Tessin, limitrophe de l'Italie), selon les derniers chiffres publiés dimanche par l'Office fédéral de la santé publique.

"La situation est grave (...). Les prochains jours seront critiques pour le système de santé", a averti dimanche lors d'une conférence de presse le directeur général de la santé du canton de Genève, Adrien Bron.

Afin de soulager les hôpitaux sous tension, l'armée a annoncé qu'elle pourrait mobiliser jusqu'à 8.000 soldats dans les 26 cantons de la Confédération suisse, petit État de 8,5 millions d'habitants au cœur du massif alpin.

Gabrielle Ramseier, une ambulancière de 24 ans, est venue former les soldats. Elle était de garde lorsqu'elle a reçu sa convocation. "Je ne m'y attendais pas, il a donc fallu aller chercher le matériel, préparer le colis en un temps assez court, préparer aussi toute l'organisation familiale. Je n'ai pas d'enfants donc ma tâche a été facilitée à partir de ce moment mais il y avait beaucoup à faire préparer ", explique-t-elle.

Dans un deuxième hangar, des réservistes - appelés miliciens en Suisse - suivent un cours sur l'utilisation des ambulances militaires et leur désinfection, tandis que d'autres s'entraînent à porter un équipement de protection complet.

- La dernière fois "en 1939" -

Considérée comme l'un des piliers fondateurs de la Nation, l'armée suisse est organisée en milice. Son effectif, réparti entre l'armée et l'armée de l'air, a été considérablement réduit, passant de 625 000 en 1961 à environ 100 000 aujourd'hui.

Encadrés par quelques milliers de professionnels, les appelés effectuent un service d'au moins quatre mois avant d'être appelés chaque année pour participer à des formations de trois semaines.

"C'est la première fois que l'armée de milice est sur une" vraie "mobilisation. La dernière fois, c'était en 1939", a expliqué le lieutenant-colonel Raoul Barca, qui commande le bataillon stationné à Bière et composé d'environ 750 soldats.

Dans l'un des hangars de formation, un espace "détente" a été aménagé pour leur permettre de consulter leur ordinateur ou leur téléphone portable. "Les soldats sont confinés, nous ne savons pas combien de temps ils sont séparés de leurs familles, de leurs enfants. Il est essentiel de pouvoir maintenir des contacts sociaux", explique le lieutenant-colonel Barca.

Le dernier engagement de l'armée suisse dans un contexte de crise sanitaire remonte à la canicule de 2015. Les troupes ont ensuite été amenées à fournir de l'eau au bétail en pâturage dans les montagnes.

Ces dernières années, des débats ont régulièrement poussé le pays sur la pertinence de conserver une grande armée de conscription, considérée par certains comme coûteuse et inutile, alors que la plupart de ses voisins européens se sont professionnalisés.

"Je n'entre pas dans cette polémique", prévient Raoul Barca. "L'armée suisse a toujours répondu aux interrogations, que ce soit pour des engagements de soutien comme actuellement ou pour le soutien à diverses conférences internationales telles que le Forum économique mondial" qui se tient chaque année dans la station alpine de Davos.