Vendredi soir. Un appartement d'Orléans, fatalement coupé du monde. Il est 19h et la journée du télétravail est derrière. Les quadra Mylène et Sylvain restent collés à l'ordinateur, placés sur la barre. Bière pour lui, verre de vin pour elle, le Album blanc des Beatles dans l'enceinte. Le lien via la messagerie instantanée tombe. Cliquez sur. Leurs amis lointains, non moins confinés, apparaissent enfin, aussi pétillants et libérés que les bulles dans les coupes à champagne qu'ils remuent devant l'écran, de Bordeaux.
Avec Sylvain, on pense avoir attrapé le virus visio apéritif. Celui qui fait le bien! Pour être honnête, nous avons commencé au tout début de l'accouchement, mardi soir
Mylène, une Orléans confinée
"Le week-end peut enfin commencer", a déclaré Mylène, qui confiait: "Avec Sylvain, on pense avoir attrapé l'apéro visio virus. Celui qui fait du bien! Pour vous dire la vérité, nous y sommes, c'est mis au tout début de confinement, mardi soir. "Avec cet avantage indéniable sur la version originale de l'apéritif entre amis: "Cela vous permet de prendre un verre en direct avec ceux que vous ne voyez pas souvent. Ce qui, à mon avis, donne un sens à cette pratique. "
La Giennoise Sandrine, 47 ans ce dimanche - joyeux anniversaire! - est sur la même ligne. Ou presque... "Notre connexion Internet était boguée. Nous avons dû nous reconnecter plusieurs fois, mais ce n'est pas faute de fibre à la maison." Il n'en demeure pas moins que son tout premier web-apéritif avec son mari Samir lui a permis de rejoindre, "pendant deux heures", ses amis restés dans sa ville natale, l'inaccessible Laval.
Si la comptable du club de la main de la ville qualifierait sa soirée de "plutôt agréable", parions que ça n'aurait pas été moins, "s'il n'y avait pas ce décalage de quatre à cinq secondes entre le moment où nous parlons et le moment où la peine arrive. A Gien, les choses vont mal. "
Jennifer se retrouve devant 180 internautes, dont beaucoup sont inconnus, avant que Facebook n'interrompe son apéritif en direct
Ambiance oh beaucoup moins confidentielle, à Mézière-lez-Cléry, le premier vendredi soir de l'accouchement. Jennifer ne s'en cache pas, "la situation m'a complètement échappé".
Sans trop connaître les subtilités de Facebook, la mère de famille crée donc un événement annonçant la petite fête, son apéritif-live. "Moi, bêtement, je pensais que ce n'était visible que par mes amis et les leurs. Mais, très vite, j'ai réalisé que non ..." Après la panique du compteur Facebook, rapportant jusqu'à 180 internautes connectés à son apéritif en direct.
"Sans m'en rendre compte, j'ai dû créer un événement public, a-t-elle déduit, amusé. Je n'ai vu personne, mais ils m'ont vu à l'écran. Ils communiquaient avec nous, nous étions six à la maison, par messages écrits. "
Transformée malgré elle en maître de cérémonie, Jennifer aura tenu son public en haleine pendant plus d'une heure, également grâce aux chorégraphies réalisées en direct avec sa fille. C'était avant que Facebook n'interrompe brusquement la folle soirée. "J'ai reçu un e-mail juste après, je jouais de la musique sans les droits." Et à grande échelle, en plus, sa vidéo ayant finalement été visionnée plus de 4 400 fois.
Roman met en garde
En lisant les commentaires postés derrière notre appel à témoins sur la page Facebook de Le représentant, on comprend que le Loiret est plutôt séduit par le concept, même s'il reconnaît qu'il n'est qu'une alternative temporaire à la version originale des retrouvailles, autour du vin et des cacahuètes.
cependant c'est un grand coup de pouce pour le moral, "Flo, de Cepoy, nous écrit tous les soirs en confessant maintenant l'apéritif en ligne". " Ce qui fait dire au surfeur romain éclairé, à propos des toxicomanes, "préparez vos carnets de rendez-vous, une fois l'accouchement terminé". Un avertissement légitime: attention à ne pas trop tomber dedans non plus.
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