(pour pas oublier, et pour ceux qui n'y vont pas)
ceci n'est pas une note de lecture, pas un journal de confinement, rien du tout, juste des petits morceaux (shortcuts) de ce que j'ai semé quotidiennement au vent du grand rézosocial depuis le lundi 16 mars 2020
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ce billet sans illustrations sera complété au fil des jours (revenez-y !)
lundi 16 mars — leçon du jour : ne plus cliquer sur l'onglet calendrier/agenda jusqu'à nouvel ordre (j'ai mis la copie d'écran de mon agenda de la semaine, tout blanc)
mardi 17 mars — la tradition du salut de 20h aux soignants, transporteurs, commerçants de proximité, caissières du supermarché, s'installe ; c'est un joli moment : appartements éclairés, silhouettes sombres aux fenêtres, ovation debout, "dédicataires" invisibles mais présents dans les pensées de tous
mercredi 18 mars — je vois toujours beaucoup de masqués dans la rue ; je m'étonne : tous ces gens sont-ils malades ?
jeudi 19 mars — vue de ma fenêtre : la dame qui sort de la boulangerie en face de chez moi ; elle réajuste soigneusement le bandana (élégant) qui lui couvre tout le bas du visage ; fait trois pas ; sort un croissant de son sac papier ; redescend le bandana pour mordre dans la viennoiserie ; replace le bandana sur la figure en faisant trois pas en direction de la pharmacie ; s'arrête, redescend le bandana, remord dans le croissant, remonte le bandana, etc.
vendredi 20 mars — je ne porte pas de masque parce que : 1. je n'en ai pas (mais même) 2. je ne suis pas malade (pas de fièvre, pas de toux, mais je sais je suis peut-être porteur sain) 3. je me confine strictement 4. j'applique toutes les mesures barrière. 5. dont la plus importante : la distanciation sociale (en particulier, je ne prends pas les transports en commun, je ne vais pas au marché, ni sur les plages) 6. il faut qu'ils soient réservés en priorité aux soignants des ehpad (entre autres)
samedi 21 mars — le souvenir de la vie normale résiste : petite crise de nostalgie ce matin, mais rien de grave (la grisaille peut-être) ou la décompression après le coup de collier donné pour poster la note de lecture La Valse secondelien (On me dit que ma poule est un coq) sur mon blog ; Audrey-Fille n'a pas eu de fleurs pour son anniversaire ; premier apéro-champage WhatsAPP ; j'ai croisé hier une c*nnasse fière de l'être qui cueillait les branches fleuries des arbustes qui bordent la sortie du métro aérien à Pasteur...
dimanche 22 mars — j'écris une micro dystopie... le confinement vient enfin d'être levé après 120 jours : liesse, fêtes, musiques, galopades... puis soudain, le second soir de liberté, intervention solennelle du Prez à 20h ; les écoles et les crèches vont fermer derechef ; les transports publics s'arrêter ; un nouveau confinement total est imposé pour endiguer l'affluence mortifère dans les salons de coiffure, éviter les violences autour des bacs, et protéger la santé mentale et physique des professionnels de la capilliculture ; des mesures règlementaires seront prises pour instaurer les priorités d'accès, faire des choix entre les clients...
lundi 23 mars — quelques routines d'évitement de l'ennui : une leçon de gym feldenkrais tous les deux jours ; rendez-vous vidéo : mini concerts, lectures littéraires (Yves Heck, Ludovic Roubaudi) ; concentration trop faiblarde pour entamer de nouvelles lectures
mardi 24 mars — j'essaie de faire remonter le souvenir du ressenti de mon confinement de 2015 : des semaines/jours/heures passées sur mon canapé (le même aujourd'hui, avec vue sur la rue) ; la différence c'est que j'étais alors souvent ensuquée, assommée par les médocs, beaucoup moins consciente et impatiente qu'aujourd'hui... ça avait quand même duré pas loin de six mois
jeudi 26 mars — cette nuit, deux micro-insomnies numérologiques à 3:33 et 4:44 ; mais rendormie profondément, j'ai raté 5:55 ; pas si étonnée que ça de voir des blogueurs historiques (2005-2010) reprendre la plume
vendredi 27 mars — de plus en plus difficile de construire un programme quotidien motivant comme le conseillent tous les gentils psys invités à l'antenne et à l'écran ; de s'acharner à marquer une différence entre des journées qui sont toutes pareilles
samedi 28 mars — mon effort de guerre (très symbolique et légèrement ironique) : j'achète Télérama au numéro... alors que je suis abonnée (la poste, zéro) ; je ne demande pas le remboursement de (toutes) mes places de spectacles annulés
dimanche 29 mars — hier, j'ai bien écouté la conférence magistrale d’Édouard Philippe, Olivier Véran, et al. (très bons les al.) ; j'aurais un autre terme que masque alternatif à proposer... masque placebo !