11h30 : Je suis bien étonné de découvrir que ma Freebox affiche une heure d’avance, d’autant que je n’ai pas la moindre idée de la manière dont je pourrais m’y prendre pour la remettre à l’heure… Tout à coup, je suis pris d’un doute : je m’empresse de vérifier et… Et oui ! C’est moi qui ai oublié le passage à l’heure d’été ! Mon cas n’est sûrement pas isolé : nous avons tous d’autres préoccupations que l’heure en ce moment. De fait, mes parents me confirment par texto qu’ils se sont foutus dedans eux aussi : ils ne faut pas s’en étonner, qui fait attention à l’heure quand on n’a plus aucun de rendez-vous à honorer ? Cela dit, j’ai toujours préféré l’heure d’hiver, ce changement d’horaire n’est donc pas fait pour améliorer mon humeur… D’un autre côté, j’ai deux mois pour m’y habituer.
Lundi 30 mars
17h : Ce matin, en sortant pour faire un achat urgent, j’ai croisé au moins trois personnes qui portaient un masque ; cette vision me déprime. L’après-midi, je reçois des messages de diverses personnes évoquant des reports liés à la « situation sanitaire » ou d’amis me demandant comment je me porte lors de ce confinement qui va donc se prolonger ; comme si ça ne suffisait pas à me déprimer un peu plus, j’ai droit à chaque fois à la phrase rituelle et imbécile « prenez soin de vous et de vos proches » qui me culpabilise parce que je vis seul et que mes proches ne sont donc pas proches, de sorte que je ne peux rien pour eux… J’en arrive à cette conclusion : le confinement n’est vraiment désagréable que parce qu’il n’est pas total !
Mardi 31 mars
19h : Je descends mes déchets ; mauvaise surprise : le local à poubelles est occupé par un autre locataire qui y répare sa moto ! Il s’excuse piteusement en m’expliquant que sa bougie a lâché, s’imaginant peut-être que c’est une excuse pour utiliser les parties communes de l’immeuble comme son garage personnel… Il écarte sa bécane pour me permettre de passer et tente de fraterniser mais c’est trop tard : j’ai horreur qu’on me tutoie sans me demander l’autorisation et je n’ai aucune envie de nouer une relation quelconque avec un type faisant montre d’un tel égoïsme doublé d’une inconscience criminelle dans les circonstances actuelles… Cela dit, je ne devrais pas dire ça car je me rends bien compte que je suis face à un personnage de Lindingre « en vrai », c’est-à-dire un gazier qui ne respecte ni les règlements de location ni les consignes officielles pour la bonne et simple raison qu’il est incapable de les comprendre. Par conséquent, si je le dénonçais au bailleur, ça ne servirait strictement à rien (de toute façon, je suis sûr qu’il s’est déjà fait remonter les bretelles) et peut-être prendrais-je même le risque qu’il m’attendre à la sortie de l’immeuble avec une clé à molette dont il se servira pour autre chose que la mécanique : ‘faut pas gonfler un locataire quand il répare sa mobylette ! Tiens, ça me rappelle quelque chose, pas vous ? Ah bon…