Aujourd'hui, nous savons bien qu'il a existé un tel personnage ''haut en couleur'' : Morton Fullerton serait diplômé de Harvard et correspondant du Times à Paris ; et également un escroc, sans principes et sans morale... Un beau garçon, libertin et bisexuel, qui a su éblouir Henry James. Il est régulièrement endetté parce qu’il serait soumis au chantage d’une ancienne maîtresse... !
C'est à Paris, qu'Edith Wharton va vivre sa seule histoire d'amour sensuelle... Elle dit ne pouvoir vivre ce genre d'aventure, clandestine et de plaisir, que dans l'atmosphère de la capitale française... Cette expérience, dit-elle, va « couler dans son sang » ; elle ajoute : « Je suis submergée par le bonheur... »
Paris, en effet, est devenu un lieu de libération, pour des femmes intellectuelles comme elle. Ce qui arrive là - un adultère discret - n'aurait jamais pu avoir lieu en Amérique … De plus, la messagerie postale de l'époque permet un échange rapide de lettres livrées plusieurs fois par jour par la poste parisienne et permet de planifier rapidement une rencontre :
- «Au Louvre à une heure dans l'ombre de Diane », écrit-elle dans une note ; la sculpture en marbre blanc de Diane, la déesse de la chasse, nue et allongée, son bras droit enroulé autour du cou d'un cerf, repose dans une pièce peu visitée... C'est un excellent lieu de rendez-vous pour une entrevue privée. Ensuite, ils se rendent dans les anciennes arènes romaines de Lutèce près du jardin des plantes, puis font le tour du jardin du Luxembourg.
Ils se retrouvent au Théâtre, à la Comédie-Française ou au Marigny. Ils dînent dans des restaurants situés dans les coins obscurs de la Rive Gauche, qu’elle décrit comme « le bout du monde… où la nourriture est mauvaise et où il n’y a aucune chance de rencontrer des connaissances».
Une autre fois, Edith et Morton vont prendre le train pour Senlis... A son retour Edith confie : « J'ai vécu, ma très chère amie, tout ce que je n'avais jamais connu auparavant, l'interférence de l'esprit et du sens, la double attirance, la communion mêlée du toucher et de la pensée. »
Ce qui est intéressant, c'est ce témoignage de femme sur la sensualité, et plus précisément sur le plaisir sexuel en 1908, qu'elle découvre à quarante-six ans, pour avoir fait fi des contraintes sociales entravant une femme mûre, et qui vante à présent les émotions de tous ceux qui, un jour, se sont « aimés une heure sur le rebord du monde ».
Mais, que sait-on encore de ce '' Morton Fullerton ''.. ?
Fullerton a décidé de s’installer à Paris, peut-être pour fuir un passé ''complexe ''...
A Paris, il fréquente la société édouardienne de la classe supérieure, celle de Henry James. De son charme irrésistible, il attire hommes et femmes....
Au moment où il aurait rencontré Edith Wharton, il était divorcé de la chanteuse d'opéra Camille Chabert (mariés en 1903) qui ne pouvait tolérer ses liaisons... Il est encore empêtré par des aventures simultanées avec au moins deux autres Françaises - Adèle Moutot, une actrice mineure qui s'appelait Madame Mirecourt, et Hélène Pouget, un modèle d'artiste de Nîmes. Fullerton entretient également une «relation quasi incestueuse» avec Katherine Fullerton, sa cousine et sœur adoptive...
Le 15 février 1908, selon H. James, Edith et Morton se sont rendus à Herblay, pour visiter la maison d'Hortense Allart (1801-1879), dernière maîtresse de Chateaubriand ( 1768-1848)... Sa beauté et son charme - elle a 28 ans - ont ébloui l’ambassadeur sexagénaire....
Tous deux sont admirateurs de l'écrivaine, en particulier de sa correspondance … Edith écrit à son propos, qu'elle admire « son intrépide manière de regarder la vie dans les yeux ». Ce jour même, Edith relate des moments d'intimité avec Morton... ou avec Henry ( se demande Anne-Laure..) ou plutôt avec … Walter Berry le seul homme qu'elle ait vraiment aimé... . Diplomate et expert en droit international, il vit aussi à Paris... ? Edith va brûler toutes ses lettres écrites pendant quarante-cinq ans ...
Aujourd'hui, nous savons par des lettres, qu' Edith Wharton après un retour en Amérique, a retrouvé Morton à Londres.
Le 1er juin 1909, Edith, Morton et Henry James se sont rencontrés pour un dîner... Il y avait beaucoup de champagne et une conversation foisonnante où, selon le biographe F Kaplan , les trois amis étaient assis ensemble « dans l'antichambre de la passion amoureuse ».
Elle passa la nuit avec Morton à l'hôtel Charing Cross, à Londres.
Après cette nouvelle nuit de passion au Charing Cross Hotel de Londres, Edith écrivit à Morton des lettres qui ensuite seront laissées sans réponse :
« Ce que vous souhaitez, apparemment, c'est prendre de ma vie, ce que j'ai de plus intime et ce qu'une femme - une femme comme moi - peut donner, pendant une heure, de temps en temps, quand cela vous convient. »
Ce qui reste de cette histoire d’amour est un recueil de poèmes écrits pour son amant et qu'elle a accepté de publier en 1909 : Artemis to Actaeon. Des poèmes, et d'autres textes étonnent par leur érotisme...
Au numéro 53 de la rue de Varennes, une plaque commémore le temps passé par Edith Wharton en France
Anne-Laure a retenu de cette amitié, la passion d'Edith pour la beauté, l'esthétique et sa répulsion pour ce qui lui paraît laid. Edith note sa culpabilité que son éducation lui a léguée, avec l'impérieuse nécessité de se taire en particulier sur ce qui concerne le corps, le sexe et le plaisir...
Edith souffre, qu'une communication intime avec un homme, puisse être si difficile..