22 avril – Des masques, des masques, oui mais d'la distanciation sociale ?
- Nombre de cas en France : 117 324 (20 796 morts)
- Jour de confinement : 35
- Nombre de cas en Inde : 19 984 (640 morts)
- Jour de confinement à Gurgaon : 30 / National : 28
En France, les gens se sont mis à faire des masques avec leurs vieux slips avec frénésie. Un peu comme les Indiens, chacun y va de son tuto (surtout pour ceux qui n'avaient pas déjà leur bon masque anti-pollution N95). Sauf qu’ici c’est obligatoire dès à présent, on n'a pas à attendre le déconfinement. Pourquoi attendre hein ? Dans le doute…Et puis prendre une habitude c'est long, autant s'y mettre tout de suite.
Ce qui m’amène à réfléchir à certaines pratiques indiennes, notamment dans le contexte d’une épidémie.
Premièrement, les Indiens n’ont pas besoin de se claquer une bise pour se saluer (surtout pas en fait !). Un namasté suffit ! Ce que les Indiens n’ont pas réussi à enseigner aux Anglais en 200 ans, le corona l’a fait en 2 semaines :
Sauf qu’aussi, ils touchent (ou plutôt effleurent) les pieds des aînés (voir ce post) et aiment bien marcher en se tenant la main (surtout entre hommes – voir ce post). En ville, dans le milieu corporate, le namasté n’a quasiment plus cours et a été remplacé par une poignée de main.
Deuxièmement, les Indiens sont très concernés par l’hygiène :
- Ils prenaient déjà des bains quand les Européens se lavaient deux fois l’an – prendre un bain en Inde n’implique pas d’utiliser une baignoire, l’eau stagnante étant considérée comme sale et impure, mais plutôt de se laver au seau, ce qui économise bien de l’eau comparé à une douche. On a beau dos de les trouver sales quand on sait que « la banalisation de l’hygiène corporelle date de 1950-55 en France, étant liée, pour une bonne part, à la généralisation de l’eau dans le logement » (source) Les Indiens eux, étaient propres avant, et sans l’eau courante.
- Alors d’accord ils font encore caca dehors, en tout cas 50% d’entre eux. Mais eux ils trouvent ça plus propre quand dans une maison ; et puis du coup ils n’utilisent jamais leur main gauche, réservée au splash d’eau sur les fesses pour les laver. Et surtout ça pollue ptêt un peu moins les rivières dans lesquelles les égouts sont reversés sans être traités (voir ce post).
- En règle générale, il faut se déchausser quand on entre chez quelqu’un, y compris dans des magasins qui ne sont pas des supermarchés (surtout dans le sud).
- Dans l’alimentation existe le concept de « jutha ». En gros, un individu ne peut pas toucher un aliment touché (pollué) par quelqu’un d’autre. C’est pourquoi les Indiens ne boivent pas au goulot mais à 5 centimètres (un art que j’ai encore du mal à maîtriser), ne croquent pas dans la pomme du voisin, ni ne piochent dans son assiette, et même ne gouttent pas ce qu’ils cuisinent (grand sacrilège). Bref, mes manières de table, ils les trouvent dégoutantes. C’est histoire de pureté et de pollution est intrinsèquement liée au concept des castes et donc à l’hindouisme « Partager de la nourriture avec une personne immorale ou manger dans un endroit impur peut transférer ces impuretés dans le corps de celui qui mange. ». écrit Lizzie Collingham dans Curry, A tale of cooks and conquerors; il s’agirait pas qu’un intouchable aille contaminer un brahmane. C’est d’ailleurs aussi pour ça que beaucoup d’hindous trouvent les musulmans sales.
Néanmoins, ils ont aussi quelques manies peu ragoutantes et extrêmement nuisibles à l'hygiène publique, comme celle de cracher. Et le fait qu'ils mangent avec leurs doigts (voir ce post), même s'ils sont censés se les laver avant le repas, risque d'être un facteur de aggravant dans la propagation (en ville, j'en vois souvent qui ne passent pas au lavabo avant un repas). Et puis surtout, il faut bien avouer que les conditions dans lesquelles beaucoup d’Indiens vivent sont quand même peu hygiéniques. Mais surtout, les gestes barrières, c’est pas gagné… Surtout en milieu urbain, dans les zones surpeuplées…
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