L’ASIE ANCIENNE, DE NUIT
Sur les plages anciennes
les bateaux beuglent
en faisant leurs adieux à la terre ferme
l’homme malade depuis cinq mille ans
attend que du ciel pleuve l’or,
dans la belle et ancienne Asie –
la mort, l’amour interdit, les sauterelles,
les prisons, le haschich et le meurtre,
les sultans ont inventé le pal,
les généraux ont découvert les médailles,
et de même que les pèlerins rêvent de dattes
le harem rêve d’amour,
le tourisme est corps nus à vendre,
l’émigration est mort lente
loin des belles fosses à purin de la patrie natale,
les chars encerclent les écoles et les champs
les moissonneurs chantent l’amour interdit et
la sauterelle
sous l’état d’urgence incurable,
la démocratie est une élection
pour choisir le général
sultan à vie
Bandar ̀ Abd Al-Ḥamīd [بندر عبد الحميد], Le Rire et la Catastrophe, Riad el-Rayyes Books, London, 1994 in Saleh Diab, Poésie Syrienne contemporaine, édition bilingue, éditions Le Castor Astral, 2018, page 213. Traduit de l’arabe (Syrie) et présenté par Saleh Diab.
BANDAR ̀ ABD AL-ḤAMĪD [1947-2020]
Source
■ Voir aussi ▼
→ (sur Diacritik) « Bandar Abd al-Hamid (1947-2020) : Célébration de l’intime et du quotidien », par Saleh Diab (20 avril 2020)
→ (sur Recours au Poème) Poésie syrienne, Mon corps est mon pays, par Carole Mesrobian
→ (sur le site des éditions du Castor Astral) la fiche de l’éditeur sur Poésie Syrienne contemporaine
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