Depuis la semaine dernière, le Champ de la Baleine propose un nouveau produit qui fait fureur, les bières artisanales de la brasserie La Baleine. Bruno, voisin et brasseur, nous apporte les commandes dans le jardin et certains n'hésitent pas à commander toute la gamme, à déguster le Gypsy et le Picaro, mais aussi la Fête de l'Amour, le millésime 1910 ou la dernière des recettes de Bruno, le "sans gluten".
Le nom de la brasserie est bien sûr un clin d'œil à La Baleine du square de l'îlot Saint-Eloi. Les enfants de Bruno l'ont assisté avec diligence, comme les autres enfants du quartier. La place est un lieu de convivialité comme de partager une bonne bière.
L'aventure a commencé en 2011, lorsqu'il a été licencié de l'agence de publicité où il travaillait comme photographe. Il prévoit alors de changer complètement de cap: la fabrication de bière le tente, mais il n'en sait rien. Et alors ? Il a acheté les deux livres sur le sujet à la FNAC, rien à voir avec les étagères fournies aujourd'hui. Si la bière artisanale est à la mode aujourd'hui, le phénomène est récent: en 2013, Bruno a ouvert la deuxième brasserie parisienne, 6 mois après la première. L'esprit des pionniers!
Un an et demi pour monter ce projet fou, où il embarque son entourage. Bruno n'est pas un héritier, mais il a des idées et des amis. Le soir, son cousin chaudronnier et ses amis transforment trois cuves à lait normandes en cuves à bière dans leur atelier de la centrale EDF de Vitry.
Il a formé, affiné son projet et l'a exposé à la PIE (Paris Initiative Entreprise) qui lui a apporté son soutien. Une compétence qu'il a particulièrement aiguisée, la rigueur: impossible de laisser empiler les tâches administratives!

Reste à trouver une place: la brasserie a élu domicile au rez-de-chaussée d'un immeuble RIVP, rue Henri Duvernois, entre la rocade et le Maréchaux. Un quartier populaire et enclavé où les initiatives sont florissantes, comme le maraîchage sur le terrain du collège Pierre Mendès-France par l'association Veni Verdi. D'ailleurs, Bruno y a recyclé une partie de ses déchets organiques.
La brasserie est à la fois un centre de production et un lieu de stockage. Guillaume accompagne Bruno depuis septembre dernier, mais l'entreprise reste artisanale. Bruno s'occupe de la distribution à travers Paris tous les vendredis, du court-circuit. Ses clients? Il les a conquis avec sa paire de baskets, un sac à dos et une miche de glace pour garder les bières au frais.
Le malt, céréale germée (blé, orge ou épeautre), est l'ingrédient de base d'une bière. Les céréales poussent en Ile-de-France mais les bons malteurs sont en Belgique, ce qui élargit légèrement le rayon d'approvisionnement. Le houblon apporte arôme et amertume, il provient principalement d'Alsace, région de tradition houblonnée. Certains houblons aux vertus particulières proviennent de la République tchèque ou du Royaume-Uni. Tel un alchimiste, Bruno teste et invente de nouveaux goûts avec les fleurs, l'hibiscus ou la verveine. La fermentation dure entre deux semaines et trois mois.
Et puis ... ça donne ceci:

http://www.brasserie-la-baleine.com/
Pour le plus grand plaisir des baleines et des baleines!


