résont les mois qui, dans l'obsession Le vrai bio, nous chassons les fausses étiquettes et les alibis biologiques, nous traquons les petits trucs et les gros engagements en carton des chaînes de supermarchés. Des semaines dans cette série, du sushi à la bière artisanale, on laisse tomber le même bilan: réussir à bien manger, local et de saison n'est pas pour demain. Mais l'épidémie de coronavirus change tout, nous dit-on. Alors que les marchés, les cantines et les restaurants ont fermé, les grandes surfaces détiennent désormais un quasi-monopole. Mais elle l'assure: ce sera raisonnable. Répondant à l'appel du ministre de l'Economie Bruno Le Maire, la Fédération du Commerce et de la Distribution assure du 24 mars au Échos que " toutes les chaînes sont en train de passer à une offre française. Les produits étrangers présents sur les étagères seront vendus, mais par la suite il n'y aura plus de livraison hors de France. " Carrefour déclare fournir au moins 95% de fruits et légumes d'origine française; Leclerc promet la même chose pour les fraises ... A cette époque de l'année, généralement celles qui envahissent les étagères sont espagnoles et ne coûtent presque rien. Et chaque année, votre dévoué Bioman se demande ce qui pourrait convaincre les commerçants de cesser d'importer et de vendre ce produit haut de gamme au goût du désastre écologique et de l'exploitation humaine. Maintenant, nous avons la réponse: il suffisait qu'un virus menace l'humanité.
Cependant, nous ne refaisons pas du jour au lendemain. Plusieurs déclarations récentes - de le président de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'agriculteurs), le président de la confrérie des fraises de Carpentras dans le Vaucluse ou un producteur de fraises dans le Lot-et-Garonne - indiquent que les fraises françaises ont été payées à des prix très bas aux producteurs. De plus, les marques en ont parfois fait des tonnes sur le com. Yuna Chiffoleau, ingénieur agronome, sociologue à l'INRAE (Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement) et spécialiste des circuits courts en France, en a été témoin.