Paris (AFP) - Au moins 10 millions de litres de bière seront détruits, car ils n'ont pas été consommés à temps en raison de l'isolement, a-t-on appris mardi auprès de Brasseurs de France.
"La fermeture brutale des cafés, des restaurants, la cessation des activités touristiques et l'annulation de tous les festivals et foires ont laissé plus de 10 millions de litres de bière, principalement en barriques, en retard", a annoncé mardi le syndicat professionnel.
Ce chiffre est l'un des enseignements tirés par Brasseurs de France d'une consultation menée fin avril auprès de ses 300 membres, qui représentent 98% de la production française.
"La destruction de cette bière aura également un coût important pour les entreprises", a déclaré le syndicat, qui fait appel aux pouvoirs publics.
Parmi les nombreuses mesures demandées par les brasseurs, l'aide à la "destruction des stocks de bière", comme le revendiquent les vignerons bruxellois pour le vin.
Si ces 10 millions de litres paraissent peu par rapport aux 22,5 millions d'hectolitres produits pour 2020 (estimation), ils représentent plusieurs millions d'euros de pertes pour les brasseurs qui sont parfois financièrement fragiles.
"Nous sommes un secteur très endetté, puisque nous avons investi 241 millions d'euros dans le développement en 2019, un chiffre significatif pour un chiffre d'affaires d'un peu plus de 4 milliards d'euros", a expliqué 'AFP Maxime Costilhes, directeur général de Brasseurs de France.
Principale raison de cette destruction, les bières en vogue, souvent non pasteurisées contrairement aux bières blondes classiques, sont plus fragiles.
"Ce sont des bières très houblonnées, et si elles sont conservées trop longtemps, lorsqu'elles dépassent deux à trois mois de conservation, l'effet olfactif et l'effet gustatif, l'arôme, disparaît", a expliqué M. Costilhes.
Ce chiffre de 10 millions de litres ne concerne que la bière stockée chez les brasseurs, selon M. Costilhes, pour qui "c'est une base qui ne peut que progresser".
Environ 25% des brasseries sont actuellement fermées en raison d'un manque d'activité, selon l'étude, et "70% des brasseries signalent une perte de 50% du chiffre d'affaires ou plus depuis le 15 mars".
Alors que près d'une brasserie sur deux a bénéficié d'un prêt garanti par l'Etat, et une sur quatre du fonds de solidarité, "un solide plan de relance doit accompagner la relance" des cafés, hôtels et restaurants et du tourisme, estime Brasseurs de France, qui réclame une exemption des charges patronales et de production pour 2020.
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