Voilà typiquement une histoire de self made man digne du rêve américain, à ceci près qu’il s’agit d’une self made woman.
Jugez un peu : il était une fois une pauvre petite fille, vraiment très pauvre, qui vivait dans la province canadienne de l’Ontario. Cette grande pauvreté l’oblige à travailler comme domestique dès l’âge de 7 ans. Elle se nomme Martha Matilda Harper, et, avec obstination, la pauvre petite bonne décide de devenir riche.
On la retrouve en 1888 aux États-Unis, dans la ville de Rochester, où, là, elle a un culot monstre : elle ouvre le premier salon de coiffure pour dames.
Il s’agit d’un vrai pari, car, en ce temps-là, les femmes ne se faisaient pas coiffer dans un endroit public, c’était indécent. Elle tente néanmoins le coup, avec une formule unique : massage du cuir chevelu, shampooing, coupe, coiffage, mais pas de couleur, car elle est persuadée que les produits utilisés sont toxiques. Elle se soucie tellement du confort qu’elle impose aussi le siège à appui-tête inclinable, encore utilisé aujourd’hui.
L’histoire ne s’arrête pas là : Martha Matilda Harper, qui avait les cheveux qui lui arrivaient aux pieds et qui est venue à la coiffure un peu par hasard, a aussi des ambitions commerciales. C’est ainsi qu’elle lance la formule des premiers commerces franchisés de l’histoire, en franchisant bien sûr sa marque de salon de coiffure. Elle meurt en 1950, à l’âge de 93 ans, laissant derrière elle 350 Harper Salons. La franchise Harper Salon existe toujours aujourd’hui.
Sources : France Culture et Curioctopus