C'est l'un des effets attendus de la déconfinement: l'envie de passer au vert, surtout pour tous ceux qui sont confinés dans leur appartement depuis deux mois. C'est le cas des Parisiens qui affluent vers des locations à la campagne, dans un rayon de 100 kilomètres bien sûr.
Les réservations en gîtes ou en résidences, sur des plateformes spécialisées, explosent pour les prochains jours et semaines en Île de France, après pratiquement deux mois d'isolement.
A Villiers en Bière, en lisière de la forêt de Fontainebleau en Seine et Marne, la Ferme d'Orsonville reprend vie. L'imposant bâtiment entouré de jardins et de champs à perte de vue abrite un logement désespérément vide pendant deux mois. " De toute façon, nous n'étions pas autorisés à le louer ", déplore son propriétaire Jérôme Pellissier.
Mais depuis la semaine dernière, il a reçu des dizaines d'appels de location, de quelques jours aux longs week-ends de l'Ascension ou de la Pentecôte, et même plus. Résultat: il est complet jusqu'au 18 juin.
"Les demandes ont commencé à affluer vers le 5 mai. De nombreux Parisiens tentent de fuir la ville, raconte Jérôme Pellissier. Ils veulent aller à la campagne, en profiter pour faire un barbecue en plein air. J'ai des clients qui vont rester près d'un mois, aussi des Parisiens qui veulent prendre l'air et pouvoir se promener dans la forêt. "
Mais la détente et l'envie de voir le grand air ne sont pas incompatibles avec le télétravail, comme l'a constaté un autre propriétaire de logements à Boissets dans le nord des Yvelines. "Maintenant, on me demande beaucoup si nous avons du wifi pour les locataires qui veulent travailler dans un espace plus agréable, à 60 km de Paris mais dans les champs", explique Patricia Le Bihan.
C'est une tendance puisque les détails du déconfinement étaient connus la semaine dernière dans la zone rouge. Les gens veulent de la verdure et beaucoup d'espace, "Même si cela signifie prendre de grands logements pour se retrouver en famille ou entre amis, jusqu'à une limite de 10 personnes, et sans trop regarder le prix", note Florence Blas des Gîtes de France qui gère quatre départements autour de Paris.
De nouvelles règles pour plus de sécurité
Si les cottages sont pleins, les chambres ne sont plus populaires. Tout d'abord, parce que les restaurants sont fermés, il est donc plus difficile de trouver de la nourriture, mais ce n'est pas la seule raison pour Jérôme Pellissier. "Les clients ont peur de se retrouver avec d'autres personnes susceptibles d'être infectées, explique le propriétaire qui possède également cinq chambres d'hôtes. L'utilisation des espaces communs sera désormais impossible pour empêcher les personnes qui ne se connaissent pas de traverser. "
Gîtes ou chambres d'hôtes: rassurer. Un nouveau protocole sanitaire très strict a été mis en place dans tous les Gîtes de France. "Je laisse un minimum de 48 heures entre deux locations: 24 heures sans personne et un jour de plus pour bien nettoyer", explique Jérôme Pellissier. Le propriétaire de la ferme d'Orsonville s'assure que les contraintes seront de plus en plus fortes: "Pour éviter toute contamination, nous allons retirer les coussins décoratifs, les couvre-lits et même le classeur avec les brochures des points d'intérêt des environs. Nous devons repenser l'ensemble. Nous allons investir beaucoup de de l'argent dans les produits ménagers, des masques pour mon personnel et moi-même, dans des plateaux individuels pour apporter les petits déjeuners. On arrive à une somme importante, entre 4 et 5000 euros. "
Selon Gîtes de France en région parisienne, pour la première fois depuis le début de la crise, le nombre de réservations vient de dépasser celui des annulations. Mais cela ne suffit pas pour insuffler une nouvelle vie à un secteur sans perspectives. Jérôme Pellissier attend même " une saison blanche ".