Le confinement m’avait fait perdre Bordeaux de vue, comme si la ville avait soudainement disparu dans ce rétrécissement majeur de l’espace autour de mon territoire de libre parcours, quelque part en banlieue nord. Le passage en rive droite fut un très grand moment de bonheur, un sentiment très net de la liberté retrouvée, d’autant plus que rien, ou presque, ne rappelait l’existence du covid. Il y a bien eu l’obligation du masque pour franchir la Garonne sur le Batcub, avec gel hydroalcoolique à bord, mais rien d’oppressant, rien d’anxiogène.
Une fois sur les quais de la rive gauche, en centre-ville, il y a bien ce nouveau balisage au sol, qui sépare les équipes, mais cela n’est pas effrayant, pas si contraignant que cela finalement :
La sensation nette que nous avions changé de monde fut ressentie dans un haut lieu du tourisme bordelais, à savoir la Place du Parlement, où nous nous régalâmes d’une glace, parce-que la vie urbaine est aussi faite de petits plaisirs. C’était la première fois que je voyais cette place dans toute son étendue, sans les terrasses des restos qui, habituellement, mangent une grand partie de l’espace. Et là j’ai ressenti que la ville avait basculé, parce-que Bordeaux sans bistrot ni resto, ce n’est pas vraiment Bordeaux.
Photos réalisées le 14 mai 2020