Dès que je me suis assise sur la galerie, mon regard levé vers le ciel et la cime des grands pins rouges, le calme s’est installé. Le silence a chassé les mots de colère et de frustration des dernières semaines.
Aussitôt, j’ai eu envie d’écrire cette accalmie, ce petit bonheur tranquille. D’une phrase à l’autre, j’ai repensé à toutes celles que tant d’auteurs se sont donné la peine d’écrire. J’ai revu les vieux livres rangés sur des tablettes poussiéreuses du sous-sol. Cette semaine, collecte des gros rebuts. Je jette ou pas? Je vends, je donne? Des romans qui datent des années 40-50, du temps de mon père et de ma grand-mère maternelle. Je ne lirai donc jamais Clara Malraux? Je ne finirai jamais Jean-Christophe de Romain Rolland? Pour qui toutes ces phrases? Pour le ciel seulement?
Tant de phrases, tant de mots, de pensées, d’histoires, de vies oubliés, ignorés, jetés? Et les miennes, mes phrases dans toutes ces lettres, dans ces cahiers que j’ai accumulés au cours de ma vie, je les jette aussi? Les centres d’archives sont déjà si pleins des vies passées. En voudront-ils d’autres? François Côté qui achète et vend de vieux livres anciens et modernes en voudra-t-il ?
Des phrases qui s’envolent au ciel, qui formeront des nuages, qui deviendront des orages ou d’extraordinaires couchers de soleil. Mourront-elles toutes dans les rebuts?
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