Nous, Français, aimons nous auto-flageller, c'est bien connu.
L'un des "marronniers" de ce magazine (pourtant) sérieux consiste à démontrer à intervalles réguliers que tout va bien en Allemagne, et que - corollaire - tout va mal en France.
Tout ?
Non.
Plus exactement : l'économie.
Les auteurs distillent régulièrement l'idée que les portefeuilles des citoyens allemands se portent mieux que ceux de leurs homologues français.
Résidente en Allemagne depuis 10 ans, ayant appris à connaître ce pays où je n'ai pas choisi de vivre, mais où je me sens très bien, ces articles m'horripilent et je le fais savoir régulièrement en les commentant. Et comme il en revient régulièrement de nouveaux , il arrive que je me répète, ce que n'a pas manqué de relever un habitué.
Alors, développons un peu !
Je n'ai aucune qualification en économie, mais je crois savoir que l'écart entre les plus riches et les plus pauvres est plus grand en Allemagne qu'en France, et qu'il a tendance à se creuser année après année... Donc, tout est question de position dans l'échelle des revenus !
Mais surtout, cela m'horripile qu'à partir d'une vérité tronquée, non seulement on fasse des gros titres et des généralisations péremptoires, mais aussi que des tas de lecteurs français qui n'ont jamais mis un orteil de l'autre côté du Rhin (ou alors une fois pour la fête de la bière !) en rajoutent des tonnes dans l'auto-flagellation dans leurs commentaires desdits articles.
Mon propos est celui-ci : ces avis si péremptoires ne sont fondés sur RIEN. Ou alors si, plus exactement, ils sont fondés sur une fraction parcellaire de la vérité, sur des informations incomplètes et non remises en contexte. Un peu comme si pour décrire une toile de 4 mètres par 3, on se contentait de détailler le petit carré de 10 centimètres de côté, dans le coin en bas à gauche.
La vie quotidienne n'est ni meilleure, ni pire en Allemagne. Elle est différente de la vie quotidienne en France. Et tous ces gens qui ont des avis si péremptoires en mode " c'est mieux en Allemagne" sans y avoir jamais mis les pieds, ou alors brièvement pour un peu de tourisme ou un voyage d'affaires, ne tarderaient pas à hurler d'horreur s'ils étaient confrontés à la vraie vie outre-Rhin.
Deux exemples pour illustrer mon propos :
Sait-on en France que lorsqu'on déménage de ce côté-ci du Rhin, on a 15 jours pour faire enregistrer à la mairie sa nouvelle adresse ? C'est-y-pas du flicage intolérable ? Et pas question d'y couper, on vous réclame ce certificat partout ! Sans parler de l'amende.
Sait-on également en France que les écoliers allemands sont orientés - et donc classés - dès la fin du CM1, vers trois filières de prestige décroissant, le prestigieux Gymnasium (lycée général) qui ouvre aux études supérieures longues, arrivant en premier ? Votre gamin a 9 ans, et déjà on lui interdit de devenir médecin, avocat ou ingénieur... Vous imaginez ça en France ?
C'est cela s'expatrier : accepter de vivre autrement et de se plier à d'autres règles. A Rome faire comme les Romains, et à Francfort, comme les Allemands... Plus de 25 ans d'expatriation m'ont appris que l'on a tout à gagner à s'adapter, donc à apprendre à connaître et à aimer, les pays dans lesquels, comme moi, on n'a pas choisi de vivre.
Et que, oui, nous Français sommes parfois (souvent !) pires que notre caricature...
Mais nos hôtes également !
Autistiquement vôtre,