Magazine Journal intime

Escapade parisienne - épisode 1

Publié le 21 juillet 2008 par Anaïs Valente

Cela fait plusieurs mois déjà que Sophie, ma lectrice parisienne number one, m’a invitée à séjourner chez elle.  Les billets de Thalys sont bien au chaud dans mon tiroir « documents importants », histoire de ne pas les égarer.

Je m’en vais donc dès l’aube, armée de mes billets, de mes bons pour la séance bien-être gagnée il y a peu et d’un minimum de fringues, histoire de ne pas réitérer l’expérience de l’an dernier (dos bousillé par un sac hyper lourd) : une culotte, une blouse, une brosse à dent et basta.  Et du chocolat belge pour les parisiens qui m’accueillent, of course de chez of course.

Une fois installée dans le Thalys, j’ingurgite rapidement un micro pain au chocolat acheté au prix du caviar dans le hall de gare (j’avais écrit « hall de lard »... cherchez l’erreur).  Je vous déconseille cet endroit où tout est cher et où l’on croit à une illusion d’optique en voyant la taille des viennoiseries.  Fuyez cet attrape-nigauds à toutes jambes.

Je commence à lire le bouquin que j’ai emmené, « je suis grosse et j’aime ça », dont je vous parlerai très prochainement tant j’ai aimé (même si je n’aime toujours pas être grosse, mais soit). 

Derrière moi, une mère et sa fille partent en virée parisienne.  La fille, d’une vingtaine d’années à mon avis, est surexcitée et épuisante.  C’est dans de tels moments que je rêve d’être riche et de m’offrir la première classe.  Elles déballent des croissants et j’ai faim.  Un autre couple qui part apparemment avec elles mais se trouve ailleurs dans le train fait de brèves apparitions pour un déballage (encore) de vies « vous logez où ? vous avez déjeuné ? on a mis le réveil à 5h30 mais j’ai seulement pris ma douche à 6h30, failli rater le train !  vous allez aller aux galeries Lafayette ?  non c’est pour les riches », bref que du super passionnant.  J’apprends ainsi que la fille a 19 ans, j’avais presque vu juste.  Au moment où elle se lamente sur ses bientôt vingt ans, qui mèneront à 30, « quelle horreur » (je cite), j’envisage de me retourner et de lui en retourner une, ça me fera de (vraies) vacances. 

Charleroi.  J’ai maintenant un voisin.  Pas un bonjour à son arrivée.  Vieux et chauve.  Pourquoi n’ai-je jamais de brun ténébreux sympa comme compagnon de voyage ? 

J’ai un fou rire monumental en lisant « je suis grosse et j’aime ça », et je ris toute seule, au grand dam de mon voisin, ténébreux de caractère, c’est clair.  J’ai ensuite un rapide coup de blues, toujours en lisant le même livre, lorsque l’auteur énumère les quolibets dont elle a été victime dans son passé, ce qui me rappelle les pires trucs que j’ai subis et entendus, moi aussi.  Vous voulez savoir, hein, bande de vilains.  Je vous épargne les phrases qui tuent de mon enfance, vous livrant seulement deux anecdotes toute récentes en rapport avec le sujet du livre : la fois où l’on m’a dit que je ressemblais à Josiane Balasko (argh, j’ai envisagé de me jeter directement à la Meuse - je sais, c’est pas gentil pour Balasko, mais j’avoue que j’aurais préféré qu’on me trouve une ressemblance avec Claudia Chou-Fleur) et la fois où une collègue (mal intentionnée) m’a demandé si j’attendais un heureux événement (argh, j’ai envisagé de la jeter directement à la Meuse - depuis lors, je n’ai plus remis ce vêtement qui me donnait l’air enceinte).  Je trouve ça inadmissible de demander à une célibataire ballonnée si elle est enceinte. 

Je fais ensuite une pause pipi, durant laquelle j’échappe de peu au trauma crânien.  Je hais les trains et leurs remous.  Après m’être lavé les mains, je me retrouve avec un genre de papier rose mouillé plein les doigts : impossible de l’extraire pour l’utiliser, sinon par confettis.  Je hais définitivement les trains.

Trois minutes plus tard, je dois encore faire pipi.  Ça doit être le stress de rencontrer Sophie, stress accru par une conversation MSN que j’ai eue la veille, avec quelqu’un qui m’a dit « tu prends des risques, qu’est-ce qui te dit que ce n’est pas un homme, voire un tueur en série découpeur de femmes en rondelles ».

Argh et re-argh.

Le train arrive enfin gare du Nord, et se rattache à un autre Thalys, me forçant à parcourir une petite dizaine de kilomètres entre la voiture qui m’accueille et la gare proprement dite.  La route est longue, très longue, et je crains que Sophie ne s’étonne de ne pas me voir arriver. Que vais-je faire si elle est partie, si elle n’est jamais venue, si c’est un tueur en série brun ténébreux ?

Je marche, songeant à tout ça... et j’arrive enfin.

La foule est dense, mais je repère presqu’immédiatement Sophie, grâce à la mini banderole qu’elle brandit, ornée de macarons.

Ouf, c’est bel et bien une fille...

La suite de mon séjour demain.

Illu de Mako.

Paris_je_t_aimePT



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