[MA CHAMBRE, C'EST MON SANCTUAIRE] M a chambre, c'est mon sanctuaire. Sur la porte j'ai mis un écriteau : " Défense d'entrer - Ne pas déranger l'enfant qui rêve ". Lydia Padellec,
J'invite qui je veux. Même la fourmi, le scarabée, le ver de terre et le papillon de nuit sont les bienvenus. Mon thé au pissenlit, aux pétales de marguerite, aux ailes de mouche, est délicieux.
Tous les chemins mènent à ma chambre. Une petite musique dans mon cerveau me guide au cas où j'oublierais la clé. Je crois bien que vieillir c'est oublier la clé.
Pourquoi n'est-il pas possible de rajeunir ou de rester enfant ?
Qui a décidé que ça devait être comme ça ?
[...]
Qu'on me laisse gribouiller mes poèmes sur les murs de ma chambre. Je ne fais rien de mal. Si les murs sont blancs, c'est forcément pour écrire dessus. Mes cahiers sont trop petits et les lignes me font mal aux yeux. Moi je préfère voir le poème en grand.
J'aime la pluie quand elle frappe à ma fenêtre. C'est difficile de la faire entrer entièrement dans ma chambre. Sa mélodie d'eau m'aide à apprendre le poème de René Guy Cadou : " Odeur de pluie de mon enfance... "
Mémoires d'une enfant dérangée, éditions Lunatique, collection " Les mots cœurs ", 35500 Vitré, 2020, pp. 43-49, 53-55.