C’est décidé.
Je reste terrée sur mon île déserte.
Je ne bronche pas d’un centimètre. Surtout pas pour me retrouver dans des bras glacés incapables de se faire à l’idée que c’est terminé : T-E-R-M-I-N-É ! Je n’en ai rien à cirer de leur présence, aussi enveloppante fût-elle.
Nada !
On dirait un vieil amant imbécile qui s’agrippe à son péché refusant d’admettre que son heure de gloire est finie, parce que son ego ne s’en remettrait jamais.
J’ai longtemps couru dans ses bras. Mais la passion pour lui m’a quittée. Ce sont des choses qui arrivent. Le temps nous change. De nouveaux amours nous embrasent, plus joyeux, plus vrais, plus doux, plus libres, plus aimants.
Oui ! Je reste !
Loin de lui, cet hiver, qui me devient de plus en plus insupportable.
Oui ! Je reste !
Dans la chaleur de l’été qui arrive ici plus tôt. Cet été qui caresse ma peau de son vent doux sur mes mollets, mes genoux, et mes cuisses. Ah ! qu’il est bon ! Tellement !
Oui ! Je reste ! Malgré toutes vos doléances.
Je reste ici, pour moi, parce que je sais qu’il n’y a pas meilleur endroit où être.
Parce que, ici, les seuls bruits qu’on entend, à part celui du cœur, sont ceux de l’océan, inlassable, et ceux du vent qui s’infiltre par les fenêtres vieillies de longues pêcheries.
Parce que, ici, la folie de la vie n’existe pas.
Parce que, ici, tout se vit de l’intérieur ; tout autour n’est que pur bonheur.
Parce que, ici, le temps n’existe pas, même s’il file à vive allure.
Oui ! Je reste !
N’en déplaise à quiconque.
Oui ! Je reste !
Pour moi.
Et c’est ce qui importe le plus.
Je reste.
Pour moi.
Pour ma vie.
Pour le simple plaisir d’être en vie.