Une équipe de chercheurs internationaux confirme le rôle de certains gènes dans la maladie. Une piste pour de nouveaux traitements.
La sclérose en plaques est une maladie complexe, tant dans ses causes, qui paraissent multiples, que dans son diagnostic et son évolution variable d'une personne à l'autre. Depuis des années, les données épidémiologiques permettaient de soupçonner une part de génétique dans l'origine de la maladie, puisqu'elles montraient une fréquence un peu accrue chez les frères et sœurs des malades. Cependant, d'autres facteurs de l'environnement semblent interférer avec les caractéristiques génétiques d'un individu pour forger cette maladie neurologique relativement répandue.
Dans la revue Lancet Neurology datée du 7 juillet 2008, des chercheurs internationaux (comprenant l'équipe française du professeur Bertrand Fontaine de l'Inserm) viennent de confirmer que certains gènes codant pour des récepteurs à l'interleukine 2 et l'interleukine 7 (des médiateurs chimiques du système immunitaire) seraient impliqués dans la génèse de cette maladie.
La sclérose en plaques, qui concerne environ 80 000 personnes en France, est une des affections neurologiques chroniques les plus fréquentes touchant une personne sur mille. Caractérisée par la destruction des gaines de myéline qui entourent les fibres nerveuses au niveau du système nerveux central, elle se traduit par des troubles de gravité variable selon les patients, limités pour les uns, gravement handicapants pour les autres. Mais seule l'évolution au fil des années permet de distinguer ceux qui ne souffriront que d'une forme bénigne des autres.
On sait depuis longtemps que cette affection présente indiscutablement une composante génétique puisque les études sur les vrais jumeaux montrent que lorsque l'un est atteint, l'autre l'est aussi dans 30 % des cas. Lorsqu'un individu est malade, son frère ou sa sœur a 2 % de l'être aussi (contre 0,1 % pour la population générale). Les gènes sont certes en cause, mais visiblement intriqués avec des facteurs de l'environnement.
Collaboration internationale
Dans les années 1970, des chercheurs français ont mis en évidence le fait que certains gènes du groupe HLA sur le chromosome 6 étaient associés à une fréquence accrue de la sclérose en plaques. En juillet dernier, des travaux scientifiques publiés dans Nature et le New England Journal of Medicine mettaient en évidence certaines anomalies des gènes des récepteurs de l'interleukine 7 et 2 chez un certain pourcentage de malades. Des minimes variations de la séquence de ces gènes entraîneraient un risque accru de 20 à 30 % de souffrir d'une sclérose en plaques. «À la suite de ces publications, une vaste collaboration internationale s'est mise en place afin de réunir les 10 000 patients nécessaires à la confirmation de ses travaux, précise le professeur Fontaine. Le premier article issu de cette collaboration internationale vient donc de paraître et les résultats confirment le rôle de l'interleukine 2 et 7 et montrent que la dysrégulation immunitaire est bien l'un des mécanismes impliqués dans la sclérose en plaques, ouvrant des nouvelles voies de recherche thérapeutique.»
Mais la génétique n'est pas suffisante pour déclencher à elle seule la maladie. Si les infections semblent impliquées dans les poussées de sclérose en plaques, elles ne seraient pas un facteur causal. Le manque d'ensoleillement a été mis en cause, après que la maladie se soit avérée être plus fréquente dans les pays du nord que du sud. La relation de la sclérose en plaques avec la vaccination contre l'hépatite B n'est pas prouvée. Enfin, une étude menée en Israël pendant la dernière guerre du Liban vient de montrer que les poussées sont plus fréquentes en temps de conflit que pendant la paix.
Les travaux sur la génétique de cette maladie se poursuivent. Ils existeraient au total près d'une trentaine de gènes impliqués dans cette affection. Ces recherches visent avant tout à mieux comprendre les mécanismes neurologiques pour découvrir des thérapeutiques enfin plus efficaces.
Martine Perez Le Figaro.fr