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Craft beer – Après la crise sanitaire, les brasseurs d’Evreux craignent de boire la tasse – Houblon

Publié le 30 mai 2020 par Cafesecret

Bars fermés pendant trois mois, annulation des événements d'été, report des fêtes et salons ... Depuis l'accouchement, les brasseurs artisanaux souffrent de la crise sanitaire et ont parfois peur de boire dans la tasse ... Début mai, le syndicat professionnel de la Les brasseurs de France ont même annoncé qu'au moins 10 millions de litres de bière allaient être détruits, faute de pouvoir être consommés à temps.

"Le gros point noir pour nous a été la fermeture de l'espace dégustation et de tous les bars clients, en Normandie et en région parisienne, Explique Flora Lietard, l'une des composantes du trio fondateur de la brasserie Spore, en Gravigny. Nous en avons profité pour faire un peu de travail et améliorer les conditions d'accueil, poursuit-elle. Heureusement, comme notre projet a mis du temps à se mettre en place, nous n'avons pas un stock énorme en main, ni trop de salaires à nous payer, ni trop de dépenses, nous avons réussi à nous protéger des gros trous du Trésor", justifie la seule femme du trio brassicole. cependant, "les trois derniers mois ne peuvent pas être rattrapés"

Mais l'activité ne s'est pas complètement arrêtée. Les apéritifs virtuels ont fait de la bière un produit très populaire pendant le confinement. La brasserie a mis en place un service de livraison à domicile autour d'Evreux et même en région parisienne début avril, avec une commande minimum de 24 bouteilles. "Cela nous a permis de surmonter le manque de chiffre d'affaires que nous réalisons habituellement sur les ventes directes, expose Flora. Mais dès que les caves ont rouvert le 11 mai, nous avons arrêté la livraison pour qu'ils puissent retravailler", précise-t-elle. Avant le discours du Premier ministre jeudi après-midi, Flora ne connaissait pas encore les conditions dans lesquelles la brasserie servirait ses clients. " Et si on ne peut pas organiser d'événements avec concerts, expositions, ça va être un peu triste", elle préfigure.

92% de perte de chiffre d'affaires

Le contexte est plus grave pour la brasserie La Chambraysienne, en Chambray, près de Pacy-sur-Eure. "Je risque de fermer à tout moment", soulage sans détour l'unique employé, Olivia Lebreton. Rien que pour le mois d'avril, "92% perte de chiffre d'affaires." L'été s'annonce difficile quand c'est la pleine période de consommation de houblon. La seule annulation des festivals et événements d'été a perdu "six mois d'argent comptant" à la brasserie, qui était sur le point de s'installer dans la zone de Douains avant de devoir tout annuler au dernier moment.

Mais il y a aussi quelques signes de confort. Comme cette initiative de la marque Leclerc de Vernon, qui a créé en avril un département dédié aux produits locaux "au prix que j'applique", apprécie Olivia Lebreton. Cependant, elle hésitait à commercialiser son produit artisanal dans les supermarchés.

La brasserie a reçu quelques coups de pouce pour absorber le choc. La banque, qui a spontanément bloqué les échéances de crédit, ou ce geste de la municipalité qui l'héberge. Elle lui a donné trois mois de loyer. "Pendant l'accouchement, j'ai payé nos fournisseurs et ce que je vends là-bas [depuis le 15 mai, NDLR] c'est de payer les contributions d'Urssaf bientôt." Les charges ne se sont pas évaporées ...

Une reprise contrastée

Ouvert une semaine avant la déconfinement, le caviste V & B, à Vieil-Évreux, a rapidement renoué avec les clients.

C'était pour le pont du 8 mai. "
Ce fut une très bonne récupération, beaucoup de gens sont venus faire le plein, ils étaient contents que nous rouvrions ", se félicite
Cédric Vandeville, le manager de la marque. Le tout évidemment dans des conditions sanitaires strictes. Pas plus de dix personnes dans la cave en même temps. Les sorties et les loisirs étant limités pendant l'accouchement,
" les gens se sont amusés : ils ont pris quelque chose pour passer une bonne soirée " Une richesse bienvenue qui porte le panier moyen à près de 50 €, contre une trentaine en temps normal.

Grâce à
" gestion rigoureuse de la trésorerie ", l'impact des deux mois de fermeture a été assez limité.
" Nous ne sommes pas un secteur en crise ", soutient Cédric Vandeville. Le stock n'a subi aucune perte, même pour les barils. Seule incertitude:
" Nous ne savons pas encore dans quelles conditions nous allons rouvrir le bar. "

Maintenir un contact humain avec les clients est ce qui a amené le marchand de vin
Jef Collado (place du Grand-Carrefour à
Evreux) ouvert deux jours par semaine,
" pour aider les locaux, les nouveaux clients qui ne veulent pas aller dans les supermarchés ". Cependant, il a vu ses ventes chuter de 75% en avril.
" Et les vidéos de l'apéritif étaient pour deux personnes, pas douze ", il nuance. L'impact a donc été limité. Comme il avait encore quelques bières en stock (les derniers exemplaires de "La Gobette" ont été vendus), il a repensé le département pour mettre en avant la production artisanale de façon colorée.
" Je rappellerai bientôt les brasseurs locaux ", explique le marchand de vin, qui a prévu de réapprovisionner.

Au "Jef", le département de la bière a été rénové. (Photo PN)

Au "Jef", le département de la bière a été rénové. (Photo PN)


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