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Jean-Charles Vegliante | [La lente] [L’étourdie] [L’Africaine]

Publié le 30 mai 2020 par Angèle Paoli

[LA LENTE] T u sens bien que le vert ne reviendra pas [L'ÉTOURDIE] M a vue me trahit, je n'ai que mes petites [L'AFRICAINE] E lle entre au fond de soi dans le noir du noir Jean-Charles Vegliante,
C'est un avril fichu, un autre printemps
L'acharnement des mouettes fait frissonner
La ville cède par des détails infimes...
Il y a une carie dans le ciment
On voit dans le net la honte d'une langue
Chaque jour qui passe corrompt ses racines
Il y a comme des radicelles pourpres
choses, je ne suis plus qu'un arbre de veines,
une " demeure vide " aux coups de boutoir
des ans... Tu ne sais pas combien. Et j'aspire
à tant de choses ! de nouvelles antennes,
et puis je ne sais plus ce qu'on me voulait.
Je ne veux presque rien mais rien ne remplit
Cette vacance, ce froid où je me perds.
Les matins semblent voler avec les merles.
Les soirs me crient : tu devrais chercher ailleurs,
oublier ce qui t'a soutenue, rêvée...
là où personne ne sait, n'ose affronter
ce sifflement continu du vent d'en bas
qui porte aussi les souffles de disparus
chaque fois au bord de se faire comprendre
mais trop tard, trop tard, le bruit assourdissant
de sa vie la distrait une fois de plus. Onze visites (et un post-scriptum) in Les Carnets d'Eucharis, Portraits de poètes #3, " Au pas du lavoir | Poésie & Prose", 2020, pp. 147 et 149.
Jean-Charles Vegliante |  [La lente] [L’étourdie] [L’Africaine]
Elle a cru une fois qu'elle remontait
le fleuve-mer, qu'elle avait le fil du rêve
vers l'autre rive - mais rien jamais ne rend
la question lancée comme dans l'eau d'un puits.
Comme fond au noir un souvenir d'été.
Lis : " perdre sa vie après les oiselets "...
(Purgatoire, XXIII, 3)
Dans les yeux la fureur de sa propre fin
Les fondations que l'on voulait oublier
Les chevilles gonflées penchent vers la terre
Elle cherche un mot où être tout entière.


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