Les promesses d'assainissement budgétaire, associées au style volontairement populiste de la "nation Ford", semblent être l'alternative la plus crédible à un gouvernement libéral délabré.
Aujourd'hui à mi-parcours, nous pouvons résumer ces deux premières années en trois actes. Tout d'abord, les premiers mois où le Premier ministre n'a pas beaucoup différé de son caractère rude et agressif pendant la campagne électorale.
Bière à 1 $, fin du monopole de l'Ontario Liquor Control sur la vente de cannabis, retrait de l'Ontario du marché du carbone, réduction de la moitié du conseil municipal de Toronto ou élimination de trois des neuf commissaires, tout allait très vite dans le bleu maison.
Deuxième acte de l'été 2019, lorsque Doug Ford a dû prendre note du mécontentement populaire, matérialisé par des sondages peu flatteurs. Volontairement ou non, le premier ministre est devenu plus centriste, rejetant la promesse d'équilibre budgétaire, tout en renouant avec son homologue fédéral, Justin Trudeau. Soit dit en passant, le gouvernement s'est partiellement éloigné des syndicats d'enseignants après un conflit historique de plusieurs semaines.
Dernier acte enfin depuis la mi-mars avec la crise COVID-19 sans précédent, où M. Ford a dû adopter une image rassembleuse et empathique, antipodes du ton belliqueux de juin 2018.
Une identité politique difficile à définir
Ces changements, au moins dans la forme, suggèrent que Doug Ford a du mal à trouver sa véritable identité politique. En deux ans, le chef du gouvernement a donné l'impression d'évoluer en fonction des événements, en multipliant les tongs. Une "flexibilité" certainement très différente de la rigueur trop intransigeante de Mike Harris, et du pragmatisme "centriste" d'un Bill Davis.
Certains aspects, cependant, sur lesquels M. Ford maintient la continuité. Tout d'abord, le centrisme torontois. Les visites du Premier ministre à l'extérieur de la ville de la Reine restent rares. Le malentendu initial du chef conservateur concernant la crise linguistique de 2018, ainsi que son retard récent à s'enflammer en faveur de la déconfinement géographique, semblent résulter de cette vision unilatérale.
Enfin, et encore plus catégorique, Doug Ford reste un fervent défenseur du non-interventionnisme économique. Ses baisses d'impôts au début de son mandat, ainsi que les reports d'impôt dans le plan de 17 milliards de dollars pour lutter contre le coronavirus vont dans ce sens.
Le défi économique jusqu'en 2022
Pour les deux prochaines années, il reste difficile à lire dans une boule de cristal. Une chose est sûre: la reprise de l'économie brisée par COVID-19 sera la question centrale pour M. Ford.
Au moment de son élection, le gouvernement disposait déjà d'une marge de manœuvre extrêmement mince pour trouver une ligne de démarcation entre satisfaire sa base électorale méfiante des impôts et absorber le déficit budgétaire.
Deux ans plus tard, le défi est le même, mais avec un niveau de difficulté plus élevé. Le coronavirus a mis les finances publiques dans une zone rouge et a rendu les travailleurs plus précaires. Dans le même temps, la crise a réitéré l'urgence d'investir davantage dans la santé.
La capacité de Doug Ford à résoudre cette équation difficile dépendra des résultats des prochaines élections au printemps 2022.
Cette analyse est également publiée sur le site Internet du quotidien Le Droit du 8 juin.